- -
- 100%
- +
Je le rassurai donc, car ses craintes continuaient d'être les mêmes, et la fièvre qui l'agitait leur donnait un certain degré d'exagération pénible à voir dans un homme. Maintenant, comment cet homme si faible avait-il accompli cet acte de courage d'insulter un homme connu comme Olivier pour sa facilité à mettre l'épée à la main, et comment, l'ayant insulté, s'était-il conduit sur le terrain comme il avait fait.
C'était un mystère dont le secret devait être l'objet d'un calcul suprême, ou, au contraire, d'une colère incalculée. Je pensai, au reste, que quelque jour tout cela s'éclaircirait pour moi, peu de secrets demeurant cachés obstinément aux médecins.
Moins préoccupé de son état, je pus alors examiner sa personne; c'était, comme son appartement, un composé d'anomalies.
Tout ce que l'art avait pu aristocratiser en lui avait pris un certain caractère d'élégance; ses cheveux d'un blond fade étaient coupés à la mode, ses favoris rares étaient taillés avec régularité.
Mais la main qu'il me tendait pour que je lui tâtasse le pouls était commune, les soins qu'il en avait pris depuis quelque temps n'avaient pu en corriger la grossièreté native; ses ongles étaient mal faits, rongés, vulgaires; et, près de son lit, des bottes qu'il avait quittées le matin même indiquaient que son pied était, comme la main, d'origine toute plébéienne.
Comme je l'ai dit, le blessé avait la fièvre, et cependant cette fièvre, quoique assez forte, avait peine à donner de l'expression à ses yeux, qui, à ce que je remarquai, ne se fixaient presque jamais directement ni sur un homme ni sur une chose; en échange, sa parole était d'une agitation et d'une volubilité extrêmes.
– Ah! vous voilà donc, mon cher docteur, me dit-il; eh bien! vous le voyez, je ne suis pas encore mort, et vous êtes un grand prophète; mais suis-je hors de danger, docteur? Ce maudit coup d'épée! il était bien appliqué. Il passe donc sa vie à faire des armes, ce spadassin, ce calomniateur, ce misérable Olivier?
Je l'interrompis.
– Pardon, lui dis-je, je suis le médecin et l'ami de monsieur d'Hornoy; c'est lui que j'ai suivi sur le terrain, et non pas vous.
«Je vous connais de ce matin, monsieur; et lui, je le connais depuis dix ans.
«Vous comprenez donc que, si vous continuez à l'attaquer, je serai forcé de vous prier de vous adresser à quelqu'un de mes confrères.
– Comment, docteur, s'écria le blessé, vous m'abandonneriez dans l'état où je suis? ce serait affreux. Sans compter que vous trouverez peu de pratiques qui paieront comme moi.
– Monsieur!
– Oh! oui, je sais, vous faites tous semblant d'être désintéressés; puis quand vient, comme on dit, le quart d'heure de Rabelais, vous savez bien présenter votre mémoire.
– C'est possible, monsieur, qu'on ait ce reproche à faire à quelques-uns de mes confrères, mais je vous prouverai, quant à moi, en ne prolongeant pas mes visites au-delà du terme strictement nécessaire, que l'avidité que vous reprochez à mes collègues n'est pas mon défaut dominant.
– Allons, voilà que vous vous fâchez, docteur?
– Non, je réponds à ce que vous me dites.
– C'est qu'il ne faut pas trop faire attention à ce que je dis; vous savez, nous autres gentilshommes, nous avons quelquefois la parole un peu leste; pardonnez-moi donc.
Je m'inclinai, il me tendit la main.
– J'ai déjà tâté votre pouls, lui dis-je, il est aussi bon qu'il peut l'être.
– Allons, voilà que vous me gardez rancune parce que j'ai dit du mal de monsieur Olivier; il est votre ami, j'ai eu tort; mais il est tout simple que je lui en veuille, à part le coup d'épée qu'il m'a donné.
– Et que vous êtes venu chercher, répondis-je, d'une façon à ce qu'il ne vous la refusât point, vous en conviendrez.
– Oui, je l'ai insulté; mais je voulais me battre avec lui, et quand on veut se battre avec les gens il faut bien les insulter.
«Pardon, docteur, voulez-vous me rendre le service de sonner?
Je tirai le cordon de la sonnette, un des valets entra.
– Est-on venu s'informer de ma santé de la part de monsieur de Macartie?
– Non, monsieur le baron, répondit le laquais.
– C'est singulier, murmura le malade, visiblement fâché de ce manque d'intérêt.
Il y eut un instant de silence, pendant lequel je fis un mouvement pour prendre ma canne.
– Car vous savez ce qu'il m'a fait, votre ami Olivier?
– Non. J'ai entendu parler de quelques mots dits sur vous au club, n'est-ce point cela?
– Il m'a fait, ou plutôt il a voulu me faire manquer un mariage magnifique: une jeune personne de dix-huit ans, belle comme les amours, et cinquante mille livres de rente, rien que cela.
– Et comment a-t-il pu vous faire manquer ce mariage?
– Par ses calomnies, docteur: en disant qu'il ne connaissait personne de mon nom à la Guadeloupe; tandis que mon père, le comte de Faverne, possède là-bas deux lieues de terrain, une habitation magnifique avec trois cents noirs. Mais j'ai écrit à monsieur de Malpas, le gouverneur, et dans deux mois ces papiers seront ici; on verra lequel de nous deux a menti.
– Olivier pourra s'être trompé, monsieur, mais il n'aura pas menti.
– Et, en attendant, voyez-vous, il est cause que celui qui devait être mon beau-père n'envoie pas même demander de mes nouvelles.
– Il ignore peut-être que vous vous êtes battu?
– Il ne l'ignore pas, puisque je le lui avais dit hier.
– Vous le lui avez dit?
– Certainement. Lorsqu'il m'a rapporté les propos que monsieur Olivier tenait sur moi, je lui dis: «Ah! c'est comme cela! eh bien! pas plus tard que ce soir, j'irai lui chercher une querelle, à ce beau monsieur Olivier, et l'on verra si j'en ai peur.
Je commençai à comprendre le courage momentané de mon malade. C'était de l'argent placé à cent pour cent; un duel pouvait lui rapporter une jolie femme et cinquante mille livres de rente; il s'était battu.
Je me levai.
– Quand vous reverrai-je, docteur?
– Demain je viendrai lever l'appareil.
– J'espère que si l'on parle de ce duel devant vous, docteur, vous direz que je me suis bien conduit.
– Je dirai ce que j'ai vu, monsieur.
– Ce misérable Olivier, murmura le blessé, j'aurais donné cent mille francs pour le tuer sur le coup.
– Si vous êtes assez riche pour payer cent mille francs la mort d'un homme, répondis-je, vous devez moins regretter votre mariage, qui n'ajoutait que cinquante mille livres de rente à votre fortune.
– Oui; mais ce mariage me plaçait, ce mariage me permettait de cesser des spéculations hasardeuses; un jeune homme, d'ailleurs, né avec des goûts aristocratiques, n'est jamais assez riche. Aussi je joue à la Bourse; il est vrai que j'ai du bonheur: le mois passé j'ai gagné plus de trente mille francs.
– Je vous en fais mon compliment, monsieur. A demain.
– Attendez donc … je crois qu'on a sonné!
– Oui.
– On vient?
– Oui.
Un domestique entra.
Pour la première fois, je vis les yeux du baron s'arrêter fixement sur un homme.
– Eh bien?.. demanda-t-il, sans donner le temps au valet de parler.
– Monsieur le baron, dit le valet, c'est monsieur le comte de Macartie qui fait demander de vos nouvelles.
– En personne?
– Non, il envoie son valet de chambre.
– Ah! fit le malade, et vous avez répondu?..
– Que monsieur le baron était grièvement blessé, mais que le docteur avait répondu de lui.
– Est-ce vrai, docteur, que vous répondez de moi?
– Eh! oui, mille fois oui, repris-je; à moins cependant que vous ne fassiez quelque imprudence.
– Oh! quant à cela, soyez tranquille. Dites-moi, docteur, puisque monsieur le comte de Macartie envoie demander de mes nouvelles, cela prouve qu'il ne croit pas aux propos de monsieur Olivier.
– Sans doute.
– Eh bien! alors guérissez-moi vite, et vous serez de la noce.
– Je ferai de mon mieux pour arriver à ce but. Je saluai, et je sortis.
IX
LE BILLET DE CINQ CENTS FRANCS
Une fois dehors, je respirai plus librement. Chose singulière, cet homme m'inspirait une répulsion que je ne pouvais comprendre, et qui ressemblait au dégoût qu'on éprouve à la vue d'une araignée ou d'un crapaud; j'avais hâte de le voir hors de danger pour cesser toute relation avec lui.
Le lendemain, je revins comme je le lui avais promis; la blessure allait à merveille.
Le propre des plaies faites par les coups d'épée est de tuer raide ou de guérir vite.
La blessure de monsieur de Faverne promettait une guérison radicale.
Huit jours après, il était hors de danger.
Selon la promesse que je m'étais faite, je lui annonçai alors que mes visites devenant parfaitement inutiles, j'allais les cesser à compter du lendemain.
Il insista pour que je revinsse, mais mon parti était pris, je tins bon.
– En tout cas, dit le convalescent, vous ne me refuserez pas de me rapporter vous-même le portefeuille que je vous ai remis: il est d'une trop grande valeur pour le confier à un domestique, et je compte sur ce dernier acte de votre complaisance.
Je m'y engageai.
Le lendemain, je rapportai effectivement le portefeuille; monsieur de Faverne me fit asseoir près de son lit, et, tout en jouant avec le portefeuille, l'ouvrit. Il pouvait contenir une soixantaine de billets de banque, la plupart de mille francs; le baron en tira deux ou trois, et s'amusa à les chiffonner.
Je me levai.
– Docteur, reprit-il, n'y a-t-il pas une chose qui vous étonne comme moi?
– Laquelle? demandai-je.
– C'est qu'on ait le courage de contrefaire un billet de banque.
– Cela m'étonne, parce que c'est une lâche et infâme action.
– Infâme, peut-être, mais pas si lâche. Savez-vous qu'il faut une main bien ferme pour écrire ces deux petites lignes:
LA LOI PUNIT DE MORTLE CONTREFACTEUR…– Oui, sans doute, mais le crime a son courage à lui. Tel qui attend un homme au coin d'un bois pour l'assassiner a presque autant de courage qu'un soldat qui monte à l'assaut, ou qui enlève une batterie; cela n'empêche pas que l'on décore l'un et qu'on envoie l'autre à l'échafaud.
– A l'échafaud!.. Je comprends qu'on envoie un assassin à l'échafaud, mais ne trouvez-vous pas, docteur, que guillotiner un homme pour avoir fait de faux billets, c'est bien cruel?
Le baron dit ces mots avec une altération de voix et de risage si visible, qu'elle me frappa.
– Vous avez raison, lui dis-je; aussi sais-je de bonne source que l'on doit incessamment adoucir cette peine, et la borner aux galères.
– Vous savez cela, docteur? s'écria vivement le malade; vous savez cela… En êtes-vous sûr?
– Je l'ai entendu dire à celui-là même dont la proposition viendra.
– Au roi. Au fait, c'est vrai, vous êtes médecin par quartier du roi. Ah! le roi a dit cela! Et quand cette proposition doit-elle être faite?
– Je ne sais.
– Informez-vous, docteur, je vous en prie; cela m'intéresse.
– Cela vous intéresse, vous? demandai-je avec surprise.
– Sans doute. Cela n'intéresse-t-il pas tout ami de l'humanité d'apprendre qu'une loi trop sévère est abrogée?
– Elle n'est pas abrogée, monsieur; seulement les galères remplaceront la mort; cela vous paraît-il une bien grande amélioration au sort des coupables?
– Non, sans doute, non! reprit le baron embarrassé; on pourrait même dire que c'est pis; mais au moins la vie et l'espoir restent; le bagne n'est qu'une prison, et il n'y a pas de prison dont on ne parvienne à se sauver.
Cet homme me répugnait de plus en plus; je fis un mouvement pour m'en aller.
– Eh bien! docteur, vous me quittez déjà? dit le baron en roulant avec embarras deux ou trois billets de banque dans sa main, avec l'intention visible de les glisser dans la mienne.
– Sans doute, repris-je en faisant un nouveau pas en arrière; n'êtes-vous pas guéri, monsieur? A quoi donc pourais-je vous être bon maintenant?
– Comptez-vous pour rien le plaisir de votre société?
– Malheureusement, monsieur, nous autres médecins, nous avons peu de temps à donnera ce plaisir, si vif qu'il soit. Notre société, à nous, c'est la maladie, et dès que nous l'avons chassée d'une maison, il faut que nous sortions derrière elle pour la poursuivre dans une autre. Ainsi donc, monsieur le baron, permettez que je prenne congé de vous.
– Mais n'aurai-je donc pas le plaisir de vous revoir?
– J'en doute, monsieur; vous courez le monde, et moi j'y vais peu; mes heures sont comptées, et chacune d'elles a son emploi.
– Mais si cependant je retombais malade?
– Oh! ceci est autre chose, monsieur.
– Ainsi dans ce cas je pourrais compter sur vous?
– Parfaitement.
– Docteur, votre parole.
– Je n'ai pas besoin de vous la donner, puisque je ne ferais qu'accomplir un devoir.
– N'importe, donnez-la-moi toujours.
– Eh bien! monsieur, je vous la donne.
Le baron me tendit de nouveau la main; mais comme je me doutais que cette main renfermait toujours les billets de banque en question, je fis semblant de ne pas voir le geste amical par lequel il prenait congé de moi, et je sortis.
Le lendemain, je reçus sous pli, et avec la carte de monsieur le baron Henry de Faverne, un billet de banque de mille francs et un de cinq cents.
Je lui répondis aussitôt:
«Monsieur le baron,
»Si vous aviez attendu que je vous présentasse mon mémoire, vous auriez vu que je n'estimais pas mon faible mérite si haut que vous voulez bien le faire.
»J'ai l'habitude de fixer moi-même le prix de mes visites; et, pour mettre en repos votre générosité, je vous préviens que je les porte avec vous au plus haut, c'est-à-dire à vingt francs.
»J'ai eu l'honneur de me rendre dix fois chez vous, c'est donc deux cents francs seulement que vous me devez: vous m'avez envoyé quinze cents francs, je vous en renvoie treize cents.
»J'ai l'honneur d'être, etc., etc.
«FABIEN.»En effet, je gardai le billet de cinq cents francs, et renvoyai au baron de Faverne celui de mille francs avec trois cents francs d'argent; puis je mis ce billet dans un portefeuille où se trouvaient déjà une douzaine d'autres billets de la même somme.
Le lendemain, j'eus quelques emplettes à faire chez un bijoutier. Ces emplettes se montaient à 2,000 francs, je payai avec quatre billets de banque de cinq cents francs chacun.
Huit jours après, le bijoutier, accompagné de deux exempts de police, se présenta chez moi.
Un des quatre billets que je lui avais donnés avait été reconnu faux à la Banque, où il avait un paiement à faire.
On lui avait alors demandé de qui il tenait ces billets, il m'avait nommé, et l'on venait aux enquêtes auprès de moi.
Comme j'avais tiré ces quatre billets d'un portefeuille où, comme je l'ai dit, il y en avait une douzaine d'autres, et que ces billets me venaient de différentes sources, il me fut impossible de donner aucun renseignement à la justice.
Seulement, comme je connaissais mon bijoutier pour un parfait honnête homme, je déclarai que j'étais prêt à rembourser les cinq cents francs si l'on me représentait le billet; mais on me répondit que ce n'était point l'habitude, la banque payant tous les billets qu'on lui présentait, fussent-ils reconnus faux.
Le bijoutier, parfaitement lavé du soupçon d'avoir passé sciemment un faux billet, sortit de chez moi.
Après quelques nouvelles questions, les deux agens de police sortirent à leur tour, et je n'entendis plus parler de cette sale affaire.
X
UN COIN DU VOILE
Trois mois s'étaient écoulés lorsque, dans ma correspondance du matin, je trouvai le petit billet suivant:
«Mon cher docteur,
»Je suis vraiment bien malade, et j'ai sérieusement besoin de toute votre science; passez donc aujourd'hui chez moi, si vous ne me gardé pas rancune.
»Votre tout dévoué,»HENRY, BARON DE FAVERNE,»rue Taitbout, n° 11.»Cette lettre, que je rapporte textuellement avec les deux fautes d'orthographe dont elle était ornée, confirma l'opinion que je m'étais faite du manque d'éducation de mon client. Au reste, si, comme il le disait, il était né à la Guadeloupe, la chose était moins étonnante.
On sait en général combien l'éducation des colons est négligée.
Mais, d'un autre coté, le baron de Faverne n'avait ni les petites mains, ni les petits pieds, ni la taille svelte et gracieuse, ni le charmant parler des hommes des tropiques, et, pour moi, il était évident que j'avais affaire à quelque provincial dégrossi par le séjour de la capitale.
Au reste, comme il pouvait effectivement être malade, je me rendis chez lui.
J'entrai et le trouvai dans un petit boudoir tendu de damas violet et orange.
A mon grand étonnement, cette espèce de réduit était d'un goût supérieur au reste de l'appartement.
Il était à demi couché sur un sofa, dans une pose visiblement étudiée, et vêtu d'un pantalon de soie à pieds et d'une robe de chambre éclatante; il roulait entre ses gros doigts un charmant petit flacon de Klagman ou de Benvenuto Cellini.
– Ah! que c'est bon et gracieux à vous d'être venu me voir, docteur, dit-il en se soulevant à demi et me faisant signe de m'asseoir. Au reste, je ne vous ai pas menti; je suis horriblement souffrant.
– Qu'avez-vous! lui demandai-je; serait-ce votre blessure?
– Non; grâce à Dieu, il n'y paraît pas plus maintenant que si c'était une simple piqûre de sangsue. Non, je ne sais pas, docteur; si je ne craignais pas que vous vous moquiez de moi, je vous dirais que je crois que j'ai des vapeurs.
Je souris.
– Oui, n'est-ce pas, continua-t-il, c'est une maladie que vous réservez exclusivement pour vos belles malades. Mais le fait est qu'il n'en est pas moins vrai que je souffre beaucoup, et cela sans savoir dire ce dont je souffre, ni comment je souffre.
– Diable! ça devient dangereux. Serait-ce de l'hypocondrie?
Конец ознакомительного фрагмента.
Текст предоставлен ООО «ЛитРес».
Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.
Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.