Les vacances / Каникулы. Книга для чтения на французском языке

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Il faudra emporter des provisions pour le goûter.
CAMILLEC’est inutile; nous demanderons à manger à Mme Harel, au débit de tabac[92], ou bien à M. le curé.
MADELEINED’ailleurs, partout où nous serons, on nous donnera du pain et du cidre.
JACQUESCe sera bien amusant; nous causerons partout un petit peu, et nous nous reposerons.
LÉONIl faudra partir tout de suite après déjeuner.
JEANOui, mais demandons d’abord la permission.»
Tous les enfants, excepté Camille, Madeleine et Sophie, qui avaient déjà leur permission, allèrent trouver leurs parents, et obtinrent sans peine leur consentement pour cette longue excursion.
«Papa, dit Jacques à l’oreille de M. de Traypi, venez avec nous: ce sera bien plus amusant.
– Pour toi, mon bon Jacques, répondit M. de Traypi en l’embrassant, mais pas pour les autres, que je gênerais un peu.
JACQUESOh! papa, vous êtes si bon! vous ne pouvez gêner personne.
M. DE TRAYPIImpossible, mon cher petit; je dois aller avec ton oncle de Rugès faire une visite à trois lieues d’ici.»
Jacques ne répondit pas et s’en alla en soupirant. C’est que Jacques aimait beaucoup son papa, qui était bon et bien complaisant pour lui. Pourtant il ne le gâtait pas. Quand Jacques avait eu des colères dans sa petite enfance, son papa le mettait dans un coin et le laissait crier, après lui avoir donné deux ou trois petites tapes. Quand Jacques avait été impoli avec un domestique ou maussade avec camarade, son papa l’obligeait à demander pardon. Quand Jacques avait été gourmand, il était privé toute la journée de sucreries, de gâteaux et de fruits. Quand Jacques avait désobéi, il était renvoyé dans sa chambre, et son papa ni sa maman ne l’embrassaient jusqu’à ce qu’il eût demandé pardon[93]. De cette manière, Jacques était devenu un charmant petit garçon: toujours gai, parce qu’il n’était jamais grondé ni puni; toujours aimable, parce qu’on l’avait habitué à penser au plaisir des autres et à sacrifier le sien. Il aimait son papa et il aurait voulu toujours être avec lui, mais M. de Traypi avait des occupations qui ne lui permettaient pas de toujours avoir Jacques près de lui; et Jacques, habitué à obéir, s’en alla cette fois encore sans humeur ni tristesse. Il rejoignit ses cousins, cousines et amies, et tous attendirent avec impatience le moment du départ.
Pourtant, avant de se mettre en route, les enfants demandèrent encore des nouvelles du pauvre Biribi; personne ne l’avait vu. Ils partirent, accompagnés du garde Nicaise, pour Val, petit hameau à un quart de lieue du château. Ils entrèrent chez une femme Relmot; mais ils n’y trouvèrent que le frère, qui était à moitié idiot, et qui répondait par un oui ou un non glapissant à toutes les questions qu’on lui adressait.
LÉONRelmot, as-tu vu notre chien Biribi?
RELMOTOui.
LÉONQuand cela? aujourd’hui?
RELMOTNon.
LÉONOù allait-il?»
Pas de réponse; Relmot rit d’un air bête.
LÉONQuand l’as-tu vu?»
Pas de réponse; Relmot tourne ses pouces.
LÉONMais réponds donc! Sais-tu où il est?
RELMOTNon.
NICAISELaissez ce pauvre garçon tranquille, Léon; allons chez les Bernard.
JEANLes Bernard! je n’aime pas ces gens-là.
LÉONPourquoi?
JEANParce que je ne les crois pas honnêtes.
CAMILLEOh! Jean, tu dis cela sans aucune preuve.
JEANHé, hé! Je les ai vus, il y a deux ans et il y a peu de jours encore, couper des têtes de sapin pour en faire des quenouilles[94].
MADELEINECe n’est pas un grand mal, cela.
NICAISEM. Jean a raison; ce n’est pas bien. D’abord le sapin n’est pas à eux, et puis ils savent bien que couper la tête d’un sapin, c’est perdre l’arbre, qui pousse crochu et qui n’est plus bon qu’à brûler.
JEANEt puis Nicaise ne l’a-t-il pas pris, l’année dernière et bien des fois, coupant de jeunes arbres dans les bois de ma tante, pour en faire des fourches[95] et des râteaux à faner[96]?
NICAISEEt encore c’est qu’il allait les vendre sur la place, au marché de la ville.
MARGUERITEDemandons toujours s’il n’a pas vu Biribi.
JACQUESCertainement? puisque nous sommes sortis pour cela.»
Les enfants entrèrent chez Bernard, qui dînait avec sa femme et ses enfants.
«Bonjour, Bernard, dit Léon d’un air aimable; nous venons vous demander des nouvelles de Biribi, qui a disparu depuis ce matin.
BERNARDComment que je saurais où est votre chien, moi? Je m’en moque bien de votre chien, et de votre garde aussi!
NICAISEDis donc, Bernard, ne sois pas si malhonnête avec les jeunes messieurs et les petites demoiselles. On te parle poliment, n’est-ce pas? Pourquoi ne répondrais-tu pas de même?
BERNARDVas-tu finir ton discours, toi! Je n’aime pas qu’on me conseille; je fais ce que je veux, et cela ne regarde personne.
NICAISETe tairas-tu, mal embouché, insolent? Sans le respect que je dois aux jeunes maîtres, je t’aurais déjà fait rentrer les paroles dans la gorge.»
Bernard se lève et avance, le poing fermé, sur Nicaise, qui reste immobile et le regarde d’un air moqueur.
NICAISETouche seulement, et tu verras comme je te casserai les reins[97] de mon pied et de mon poing!
Bernard se retire en grognant; les enfants ont peur d’une bataille et se sauvent précipitamment, à l’exception de Jean, qui se pose près de Nicaise, un bâton à la main, et de Jacques, qui se met résolument de l’autre côté de Nicaise, les poings en avant, prêt à frapper.
LÉONJean, Jean, viens donc! Vas-tu pas te battre avec ce manant[98]?
JEANJe ne laisserai pas dans l’embarras le brave Nicaise.
– Merci bien, mes braves petits messieurs; mais je n’ai que faire de votre courage et de ma force contre ce batailleur, plus poltron encore que méchant. Il sait ce que pèse mon poing sur son dos; il en a goûté le jour où je l’ai pris volant du bois chez mes maîtres.... Bien le bonsoir, ajouta Nicaise d’un air monqueur en saluant Bernard et sa famille; bon appétit, pas de dérangement.»
Et il alla rejoindre les autres enfants, après avoir affectueusement serré la main à Jean et à Jacques.
NICAISEC’est tout de même courageux, ce que vous avez fait, monsieur Jean et monsieur Jacques; car, enfin, vous ne pouviez pas deviner que ce Bernard était un poltron.
JEANC’est Jacques qui surtout a eu du courage, car, moi, je suis assez grand pour me défendre.
NICAISEC’est égal, bien d’autres auraient fil» comme a fait votre frère, M. Léon, sauf le respect que je lui dois. Mais, chut! nous voici près d’eux.
MARGUERITEEh bien, il n’y a rien eu[99]? Mon bon petit Jacques n’a pas été blessé?
LÉONBlessé? ah ouiche[100]! Est-ce que tu as cru qu’ils allaient se battre pour tout de bon?
MARGUERITEPourquoi donc t’es-tu sauvé, si tu ne craignais pas une bataille?
LÉOND’abord, je ne me suis pas sauvé, je me suis retiré, pour protéger mes cousines, Sophie et toi.
MARGUERITEJolie escorte que tu nous faisais là: tu courais à vingt pas devant nous.
LÉONJ’allais en avant pour vous indiquer le chemin qu’il fallait prendre.
MARGUERITE, riantHa, ha, ha! Avoue donc tout simplement que tu avais peur et que tu te sauvais.
LÉON, d’un air indignéSi tu étais un garçon de ma taille, tu verrais que tes plaisanteries ne me semblent pas du tout plaisantes.
MARGUERITE, riantJe ne verrais rien du tout que ton dos et tes talons, parce que tu es prudent, que tu fuis la guerre et que[101] tu aimes la paix.»
Jean et Jacques riaient pendant cette discussion; Camille et Madeleine étaient inquiètes; Sophie applaudissait des yeux et du sourire; Nicaise paraissait enchanté. Léon était en colère; ses yeux flamboyaient, et, s’il avait osé, il aurait assommé Marguerite de coups de poing. Camille arrêta cette dangereuse conversation en proposant de continuer les recherches. «Nous perdons notre temps, dit-elle, et nous avons encore bien des hameaux et des maisons à visiter.»
Ils continuèrent donc leur chemin. Léon fut un peu maussade, mais il finit par se dérider et par rire comme les autres. Dans aucune maison on n’avait vu Biribi, et plusieurs personnes dirent aux enfants et à Nicaise qu’il avait probablement été tué par Bernard, qui s’était plaint que Biribi venait la nuit rôder autour de ses lapins, et avait menacé de l’étrangler[102] la première fois qu’il pourrait mettre la main sur lui. Les enfants ne rentrèrent que vers six heures, fatigués, mais enchantés de leur longue promenade; elle avait été interrompue par un bon goûter chez M. le curé, qui leur avait fait manger du pain et du beurre, de la crème, du fromage, des cerises, et boire de la liqueur de cassis[103].
«Eh bien, mes enfants, quelles nouvelles? leur demandèrent les papas et les mamans, qui les attendaient au salon.
– Aucune, maman, répondit Camille à Mme de Fleurville; on nous a seulement dit que c’était probablement Bernard qui l’avait tué.
MADAME DE FLEURVILLEPourquoi supposer une pareille méchanceté?
LÉONMa tante, c’est parce qu’il l’a annoncé à plusieurs personnes.
MADAME DE FLEURVILLEQuand on veut faire une mauvaise action, on ne l’annonce pas.
JACQUESPourtant, ma tante, Nicaise croit que c’est très possible, parce que Biribi tournait souvent autour des petites maisons de ses lapins et qu’il avait peur qu’il ne les lui mangeât[104].
MADAME DE FLEURVILLES’il l’a fait, je porterai plainte au juge de paix, car c’est un mauvais homme que ce Bernard, et il me joue sans cesse des tours.»
Mais tout cela ne faisait pas retrouver Biribi; on le chercha encore lendemain, puis on n’y pensa plus.
Le troisème jour, les enfants allaient sortir de bonne heure pour prendre du lait et du pain bis à la ferme, quand ils aperçurent, à travers les arbres, du monde rassemblé autour de la buanderie.
«Allons voir ce que c’est, dit Jacques.
– Oui, courons», répondirent tous les enfants.
Ils s’approchèrent, on s’écarta pour les laisser passer, et ils virent le pauvre Biribi, maigre, à moitié relevé, à moitié tombé, qui mangeait avec avidité une terrine de soupe.
«Biribi! Biribi! s’écrièrent les enfants. Qui l’a retrouvé? Où était-il?
– Il était dans la buanderie, répondit Martin, le régisseur. La pauvre bête est restée là enfermée depuis trois jours.
MADELEINEMais comment s’est-il trouvé enfermé?
MARTINC’est probablement quand on a lavé Milord; Biribi sera entré[105] dans la buanderie, et l’on a fermé la porte sans savoir qu’il était là.
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Примечания
1
tout était en l’air – все стояло вверх дном
2
allaient et venaient – бегали взад-вперед
3
de minute en minute – с минуту на минуту
4
repartait comme une flèche – убегала стремглав
5
avant que ses amies eussent pu la rejoindre – раньше, чем подруги могли пойти с ней
6
une fourmilière – муравейник
7
ne faisant pas partie de la famille – поскольку она не являлась членом семьи
8
orpheline f – сирота
9
en lui rendant son baiser – уст. целуя ее
10
les enfants ne se firent point répéter une si agréable invitation – детям не надо было повторять дважды столь приятное приглашение
11
lui firent comprendre – дали ему понять
12
se passer de toi – обойтись без тебя
13
bluets m pl (= bleuets m pl) – васильки
14
s’éveilla de grand matin – проснулись рано утром
15
traire les vaches – доить коров
16
pain m bis – ситный хлеб
17
ce petit vantard de Jacques – этот хвастунишка Жак
18
il fera chou blanc – его ожидает провал
19
chou pommé – полный провал
20
sans doute (= peut-être) – может быть, вероятно
21
ce maillet – деревянный молоток
22
tu prends un air matamore – ты похож на хвастуна
23
se fit entendre – послышался
24
préparer les lignes et les hameçons – готовить удочки и рыболовные крючки
25
ne tardèrent pas à les rejoindre – не преминули к ним присоединиться
26
si vous nous jouez des tours – если вы с нами сыграете шутку
27
je m’en doutais – я так и думал
28
je ferai mon possible pour les déjouer – я сделаю все, чтобы их разоблачить
29
comment il se fait – как могло получиться
30
à peine – едва ли, только
31
ils jugèrent impossible qu’ils fussent donnés par le petit Jacques – они сочли невозможным, что эти удары наносил малыш Жак
32
au bout de quelques instants – через несколько мгновений
33
comment l’as-tu laissé aller – как ты его упустил
34
je l’ai entendu courir dans le bois – я слышал, как он бегал по лесу
35
aussi – вот почему, поэтому
36
cristaux m pl ébréchés – надтреснутый хрусталь
37
pour que le vent ne l’emportât pas – чтобы ветер ее не снес
38
lait m caillé – простокваша
39
que ceux qui m’aiment me suivent – пусть те, кто меня любит, идут за мной
40
à son nez en l’air – по ее носу, задранному вверх
41
qu’est-ce que ça vous regarde, mam’selle – какое вам до этого дело, мам’зель
42
je l’aurais joliment rabrouée – я бы ее быстро поставил на место
43
se serait prise de querelle – ввязалась бы в ссору
44
je suis fort sur la savate – у меня здорово получаются удары башмаком
45
je l’aurais mise en marmelade – я бы ее усмирил
46
c’est elle qui t’aurait rossé – она сама бы тебя поколотила
47
pardi – уст. конечно, черт возьми
48
ne faudrait-il pas que nous nous prosternassions devant toi – ирон. может, нам пасть ниц перед тобой
49
ils aimaient à le contrarier (= ils voulaient le contrarier) – им хотелось ему противоречить
50
garrotter – связывать
51
gueux de gendarmes – негодяи
52
je m’en moque bien – мне наплевать
53
grand fainéant – бездельник
54
ces invectives – эта брань
55
courroie f – ремень
56
une pièce de toile – отрез ткани
57
tope là – по рукам
58
je me mets en quête – я бросаюсь на поиски
59
ils l’auraient mise en pièces – они бы ее разорвали на кусочки
60
faire une halte – сделать привал
61
étaler sur l’herbe – разложить на траве
62
les enfants ne se firent pas prier – детей не надо было уговаривать
63
du foin – сено
64
ils se faisaient toujours aider par Jeannette – им всегда помогала Жаннет
65
détirait ses bras – потягивалась
66
dire des gros mots – говорить грубости, непристойности
67
tu t’es laissé aller – ты поволил себе лишнее
68
ce me semble (= il me semble) – кажется
69
reprendre haleine – передохнуть
70
je crains qu’il ne lui soit arrivé quelque chose – боюсь, как бы с ней что-нибудь не случилось
71
pourvu que – лишь бы только
72
creux – полый
73
tronc m pourri – прогнивший ствол
74
avant que son père et sa mère eussent eu le temps de l’en empêcher – до того, как родители успели ему в этом помешать
75
à demi évanouie – в полуобморочном состоянии
76
à tout hasard – на всякий случай
77
j’ai senti l’écorce et les feuilles sèches s’enfoncer sous moi – я почувствовала, что кора и сухие листья провалились подо мной
78
j’étais à moitié morte de peur – я была чуть жива от страха
79
j’entendais passer – я слышала, как ходят
80
prends garde – осторожней, берегись
81
voir laver – посмотреть, как моют
82
aloès [-εs] – алоэ
83
une voiture de poupée – игрушечная карета
84
se sauver – убежать
85
nous nous changerons – мы переоденемся
86
pour laver M. Milord bien à fond – ирон. чтобы как следует помыть господина Милорда
87
lui faites-vous prendre ce bain – заставляете его принимать эту ванну
88
faire mourir ses puces – убить блох
89
je ferai laver mes chevaux – я распоряжусь, чтобы помыли моих лошадей
90
n’auraient pas la bêtise de se faire noyer – скорее всего не будут так глупы, чтобы позволить себя утопить
91
visiter quelques amis – проведать друзей (совр. франц. aller voir ses amis)
92
débit m de tabac – табачный киоск (совр. франц. un bureau de tabac)
93
jusqu’à ce qu’il eût demandé pardon – до тех пор, пока он не попросит прощения
94
quenouille f – веретено
95
fourche f – вилы
96
râteau m à faner – грабли для сена
97
reins m pl – поясница
98
ce manant – през. деревенщина
99
il n’y a rien eu – ничего не произошло
100
ouiche = oui
101
que = parce que
102
étrangler – задушить
103
cassis m – черная смородина
104
qu’il ne les lui mangeât – как бы он их не съел
105
sera entré – вероятно, вошел