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« Ils ne craignent pas que je les tue pendant leur sommeil ? »
Je ne ferai jamais un truc pareil mais ils ne peuvent pas le savoir. Serai-je punie dans leur monde pour un crime censément commis ici, sur Terre ?
La femme pince ses lèvres. « Je vous garantis, Mademoiselle Day, que vous comprendrez lorsque vous aurez rencontré les partenaires de ces planètes. Soyez assurée qu’être tuée par une femme telle que vous est le cadet de leurs soucis. »
Je me regarde dans cette tenue gris uni de prisonnier. Je ne suis pas une misérable. J’ai … des formes. Le stress des semaines écoulées, le procès à venir etc. n’ont pas eu d’incidence sur mon poids. Je ne me suis pas regardée dans un miroir ni maquillée depuis, j’imagine à quoi je dois ressembler. Si je rencontre mon partenaire avec la tête que j’ai à l’heure actuelle, il me refusera avant même de me saluer.
La femme regarde sa tablette. « Vous avez encore des questions ? Je dois encore m’occuper d’une autre femme aujourd’hui. »
Je n’ai pas vraiment le choix. Je hoche la tête. « Je … Je suis prête, » je déglutis.
Prononcer les mots qui changeront le cours de ma vie s’avère plus difficile que prévu.
« Je suis prête à partir sur une autre planète et j’accepte de m’y installer au vu du résultat des tests. »
La femme hoche la tête avec détermination. « Très bien. »
Elle appuie sur un bouton et mon fauteuil s’incline comme chez le dentiste.
« Pour information, Mademoiselle Day, vous avez choisi d’effectuer votre peine au sein du Programme des Épouses Interstellaires. Un partenaire vous a été attribué selon les tests du protocole, vous serez transportée sur une autre planète, vous ne retournerez jamais sur Terre. Vous confirmez ? »
Sainte Mère de Dieu, qu’ai-je fait ? J’aimerais pouvoir revenir en arrière mais je pars pour de vrai. « Oui. »
« Excellent. » Elle jette un œil sur sa tablette.
« L’ordinateur vous envoie sur Trion. »
Trion ? Je fouille dans mes souvenirs sur ce monde-là. Rien. Ça ne m’évoque rien. Oh, mon Dieu.
C’est peut-être le monde dont j’ai rêvé. Les tapis. L’huile d’amande douce. L’énorme bite …
« Ce monde nécessite une préparation physique spécifique pour leurs femelles. Par conséquent, votre corps doit être préparé avant d’entamer le transport. »
Mon corps va être … quoi ?
La Gardienne Egara appuie sur le côté de mon fauteuil, à ma grande surprise, il glisse comme sur des rails vers un espace apparaissant dans le mur. La petite pièce est éclairée par une série de lampes bleu clair. Le fauteuil finit par s’arrêter et un bras robotisé équipé d’une longue aiguille se dirige sans bruit vers mon cou. Je me contracte lorsqu’elle transperce ma peau, je ressens un léger picotement au niveau de la zone de l’injection. Une sensation de léthargie et de bien-être envahit mon corps, je suis immergée dans un bain rempli d’un liquide chaud et bleu. C’est doux, je suis tout engourdie…
« Essayez de vous relaxer, Mademoiselle Day. »
Elle touche de son doigt l’écran dans sa main et sa voix me parvient de très très loin.
« Le processus débutera dans trois… deux… un… »
2

« Le transfert concerne le corps, elle dort. »
J’entends la voix mais je ne bouge pas. Je me sens bien, je n’ai pas envie de me réveiller.
« Oui, elle est dans cet état depuis quatre heures. » La voix est plus grave, plus autoritaire, clairement agacée par mon état. « Goran, ma partenaire a peut-être été endommagée durant le transport. »
Endommagée ?
« Il n’y a apparemment aucun dégât. » Une voix différente. « Elle est minuscule et a peut-être besoin de plus de temps pour récupérer. »
Minuscule ? Je ne me considère pas comme minuscule. Petite à la rigueur mais minuscule ? C’est marrant. Mon corps refuse de m’obéir et m’empêche de voir qui se permet de me voir autrement que comme une femme aux formes harmonieuses et à la forte personnalité. C’est comme si je m’éveillais d’une longue sieste et savourais le moment. Je me sens au chaud et en sécurité, pas sur le point de… oh !
J’ouvre enfin les yeux, les murs gris de l’unité de recrutement dans lequel j’ai passé les derniers jours ont disparu. La structure semble plus basique, le plafond et les murs sont en tissu tendu. Je ne vois pas grand-chose, trois hommes me regardent d’un air menaçant. J’écarquille les yeux devant leur stature. Ils sont extrêmement grands et… grands. Je n’ai jamais vu d’hommes aussi grands. C’est leur taille normale ?
Tout est foncé chez eux. Leurs cheveux, leurs yeux, leurs vêtements et leur peau bronzée. Ils me font penser à des méditerranéens ... Mais le centre de recrutement ne m’a pas envoyé en Europe ou au Moyen-Orient mais sur une autre planète. Trion ? C’est ça ? À quelle distance suis-je de chez moi ? La gardienne Egara ne m’a pas dit à quelle distance se trouvait cette planète avant de faire glisser son doigt sur l’écran et me transporter. Tout s’est passé très rapidement, comme lorsqu’on s’endort lors d’une anesthésie et qu’on se réveille totalement inconscient, sans savoir ce qui s’est passé entre temps.
Je suis allongée sur le côté, non plus sur ce fauteuil inconfortable dans la pièce de recrutement mais sur un lit étroit. Mes poignets et mes chevilles ne sont plus entravés, je repousse une mèche de cheveux derrière l’oreille à l’aide de ma main droite.
Oui. Ça y est. Je la sens. La petite boule que m’a occasionné l’implant du ministère de la justice, la puce qui me ramènera un jour sur Terre, s’ils tiennent leur promesse. Pour le moment, je dois survivre en tant que Evelyn Day, inculpée de meurtre.
Je cligne des yeux, perplexe, j’essaie de prendre mes repères. J’ai toujours su qu’il existait d’autre planètes mais les médias ne nous ont jamais montré d’images. Le transport extra-planétaire est réservé au personnel militaire ou aux femmes concernées par le Programme des Épouses. J’ai toujours cru que les extraterrestres étaient très différents des êtres humains, je ne me trompais pas totalement. Ces hommes, s’ils sont représentatifs de leur planète, sont de très séduisants spécimens très semblables aux hommes. Séduisant n’est pas le terme exact. Fort, viril. Splendide.
Néanmoins, leur puissance et leur rudesse, leur taille immense, la très forte probabilité qu’ils me veulent du mal me fait reculer.
Le mur est souple derrière mon dos, je tends la main pour garder l’équilibre. Je suis à quatre pattes, les hommes me reluquent de la tête aux pieds. L’air est chaud—où suis-je—je le sens sur ma peau nue. Je ne suis plus en prison. Je suis nue.
« Où sont mes vêtements ? »
Je gémis en essayant de me couvrir tout en regardant autour de moi. Je suis dans Spartan, il n’y a qu’un lit sur lequel je suis assise et une table au milieu de la pièce. La pièce n’est pas très grande, à moins que la haute taille des hommes ne la fasse paraître plus petite. De gros câbles noirs et des gadgets en métal s’alignent sur le mur, un mélange entre l’équipement médical de l’hôpital et mes appareils de cuisine.
« Tu as été transportée et enregistrée comme l’exige la coutume, » dit l’un deux.
« Mais je suis nue. »
J’ai les mains glacées, je regarde mes mamelons. Ils portent des anneaux d’or. Comme si ça ne suffisait pas, une chaîne en or les relie et pend au niveau de mon nombril.
J’ai… hum, eu des piercings aux tétons. Je n’arrive pas à détourner la vue de cet étrange spectacle. Les anneaux sont plus petits qu’une alliance, la chaîne est mince comme une cordelette et ornée de petits disques en or.
« Vu ta réaction, tu n’as pas l’habitude d’être parée de bijoux sur Terre. »
Je ne lève pas les yeux pour voir qui a parlé.
Parée ? Étonnamment, les piercings de mes mamelons ne sont pas douloureux, bien que flambant neufs. Ils seront certainement endoloris. À l’âge de dix ans on m’a percé les oreilles, les trous ont mis plus d’un mois à cicatriser. Je ne ressens aucune douleur, ça tire un peu à cause du poids de la chaîne. C’est léger mais constant… et excitant. Mes tétons durcissent et je halète, je croise les bras sur ma poitrine.
« Bienvenue sur Trion. Je suis Tark, ton nouveau maître, tu es dans l’antenne médicale à l’Avant-poste Neuf. Je t’ai amenée ici pour que tu vois le médecin après ton transfert, parce que tu ne t’es pas réveillée. »
C’est celui de droite qui parle, sa voix grave m’est familière. Ses yeux noirs rencontrent et soutiennent mon regard. Je ne peux détourner le regard, je n’en ai pas envie, je ressens … quelque chose. Aucun homme sur Terre ne m’a jamais regardée aussi intensément. Il me possède avec son seul regard.
Pourquoi sa voix me semble familière ? C’est étrange et tout à fait impossible. Il jette un coup d’œil vers l’un des hommes, ils me regardent d’un air entendu.
« Voici Goran, mon second. »
L’autre homme m’adresse un signe de tête. Il semble plus jeune que Tark, deux ou trois centimètres de moins mais tout aussi bien bâti.
« Et voici Bron, le médecin de service à l’Avant-poste Neuf. »
Le troisième homme m’adresse également un léger signe de tête et garde le silence. Il ne me fixe pas comme Tark, il parcourt mon corps. J’essaie de me couvrir des mains mais je sais qu’il voit tout.
Ils portent tous les trois des pantalons et des chemises noirs, exceptée celle de Tark qui est grise. La coupe est semblable à celle que portent les hommes sur Terre, bien que je n’aie jamais vu d’épaules aussi larges et de corps aussi bien taillés. Ces hommes sont puissants, leurs vêtements mettent leurs atouts en valeur.
Tark seul s’adresse à moi.
« Evelyn Day, tu m’as été attribuée via le traité interplanétaire. Je me suis assuré de ton état de santé mais le transfert a pu t’endommager. Tu as dormi plus que prévu. Bron va t’examiner pour s’assurer que tu n’aies pas subi de dommages. Debout. »
Il me tend sa grosse main. Je la regarde, puis le regarde lui, attentivement. Prudemment.
« M’examiner ? »
Je demande en écarquillant les yeux. Je sens le rouge me monter aux joues et je bredouille.
« C’est… pas nécessaire. Comme tu viens de le dire, je suis juste … minuscule. »
Il s’approche et retire sa main. « Je ne suis pas d’accord. Je prends soin de ce qui m’appartient. »
Il attend patiemment et soupire.
« Ta solution sur Terre c’était la prison. Je suis satisfait de ton choix, parmi toutes les partenaires possibles du Traité Interplanétaire, les besoins de ton subconscient s’adaptent à merveille à notre mode de vie. Nous allons répondre à nos besoins mutuels. »
Il fait une pause et j’enregistre ses paroles. Il va me procurer ce dont j’ai besoin ? Comment est-ce possible, tout ce dont j’ai besoin c’est de rentrer chez moi, témoigner et reprendre ma vie comme avant ?
Il s’avance et fait courir ses doigts sur ma joue.
« Ton passé ne compte pas, gara. Tu m’appartiens désormais, tu m’obéiras désormais en tous points. »
Il baisse d’un ton, il n’y a pas de contestation possible.
Je fronce les sourcils, mécontente, mais son contact me fait de l’effet.
Je prends sa main, je n’ai pas le choix. Sa grande main enveloppe ma paume. Elle est chaude, tendre mais je doute qu’il me laisse filer. Je ne pourrais échapper à ces hommes même si je décidais de courir et, même si je réussissais à m’évader, j’ignore où je me trouve. Le seul moyen de retourner sur Terre est d’emprunter le transporteur, ils ne m’amèneront jamais vers un poste de transport avancé et de toute façon, je ne saurais pas comment le faire fonctionner. Je suis bel et bien bloquée ici avec lui. Du moins, jusqu’à ce que je rentre témoigner. Selon le procureur, ça peut durer des mois. Des mois avec cet homme sur cette étrange planète ? Je déglutis difficilement.
Il m’aide à me lever et je chancèle, la chaîne accrochée à mes seins oscille. Le sol est fin et gris. Il y en a partout, jusque sur les murs. Du sable ? On est dans le désert ? Serait-ce la raison de cette chaleur, de leur peau bronzée ? La marque de mes pieds nus à côté de leurs trois paires de bottes détonne.
Je lève la main pour faire signe que je m’arrête. Il me tient tandis que je jette ma tête en arrière, pour rencontrer son regard.
« Qu’est… que vas-tu faire de moi ? »
Ses yeux sombres me dévisagent, il parcourt mon corps. Je rougis, lui et les autres voient tout.
« Tu es notre première Terrienne, je dois t’examiner de plus près. »
Le médecin me toise tout comme Tark auparavant, mais avec lui je me sens … nue et sale. Je connais bien ce regard. Les hommes lubriques ne sont pas l’apanage de la Terre.
Je me déplace vers Tark, je me sers de lui comme d’un bouclier. L’odeur de sa chemise m’enivre. Nette, franche et légèrement mystérieuse. J’aime bien. Cette odeur serait-elle la clé de notre association ?
« Je n’ai pas besoin d’être examinée et vous ne me verrez pas de plus près. Je me porte bien, sinon on ne m’aurait pas envoyée ici. Je ne suis pas un cobaye. Je suis une partenaire. »
Je relève le menton et affermis ma voix, mais je suis à la merci de ces hommes. J’ignore si le terme de partenaire confère un quelconque statut sur Trion, mais je doute qu’un homme permette à un autre d’examiner sa partenaire pour s’amuser.
Je ne lève pas les yeux mais je peux voir que Tark regarde les deux hommes devant moi.
« Tu lui permets de te parler de la sorte ? »
Demande Bron à Tark, en me jetant un regard assassin.
Tark ferme son poing.
« Je devrais peut-être te permettre d’examiner ma partenaire pendant que tu bandes ? »
L’homme se tourne et a la décence de paraître gêné.
Tark lève sa main pour lui signifier de partir, je ressens, plus que je ne l’entends, un rugissement rauque sortir de sa poitrine.
« Goran, fais-le sortir. J’examinerai ma partenaire moi-même. »
Goran acquiesce et éloigne le médecin. Tout en jetant un dernier regard par-dessus son épaule, Bron se laisse guider hors de la tente grâce à un rabat situé sur le mur opposé. Je distingue vaguement la forme d’autres tentes, puis la vue est à niveau occultée.
Seul avec moi, Tark me regarde de la tête aux pieds, un immense guerrier mourant d’envie de se taper son épouse. Je n’arrive pas à croire que cet homme soit mon partenaire. J’ai toujours rêvé de trouver quelqu’un de spécial, savoir que c’est lui change la donne. Il n’y a pas eu de rendez-vous, pas de cour assidue pour découvrir nos passions communes et notre compatibilité. C’est plutôt énervant. Ajoutez de surcroît que je me retrouve sur une planète au fin fond de la galaxie !
J’entends du bruit derrières les parois fines : des voix, de drôles de bruits mécaniques, des bruits inhabituels d’animaux. Des chevaux ? Quel genre d’animaux ont-ils sur Trion ?
« Bron dit vrai. Tu n’as pas à lui parler sur ce ton. »
J’écarquille les yeux. « Il ne s’est pas comporté comme un médecin. »
Il réfléchit un moment. « Tu es nouvelle ici, j’en tiendrai compte pour ta punition.
– Puni— »
Il lève la main et m’interrompt. « L’impertinence est interdite. »
Je fronce les sourcils. « C’est lui qui s’est montré impertinent. »
Tark rejette ses épaules en arrière, on dirait qu’il grandit de deux centimètres. « Qui est impertinent là ? »
En deux enjambées, il se dirige vers un simple banc, vraisemblablement en bois. Il y a des arbres sur Trion ?
Il s’assoie et me tend sa main. « Viens. »
Je regarde ses gros doigts mais ne bouge pas. « Pourquoi faire ? »
« Je vais te donner ta première leçon sur Trion. »
Ça parait réaliste puisque je ne suis sur cette planète que depuis cinq minutes environ. Je m’approche de lui. En deux temps trois mouvements, il m’attrape par la taille et me pose sur ses genoux. Je ne suis pas petite mais il m’a soulevée comme si j’étais chétive.
Mes hanches reposent sur ses cuisses musclées, le haut de mon corps est incliné vers le sol gris, mes seins ballottent. La chaîne qui pend entre eux frotte contre le sol. Mes pieds touchent le sol, j’essaie de prendre appui dessus.
« Qu’est-ce que tu fabriques ? » Criais-je, le sang me monte à la tête.
« Laisse-moi me lever ! »
Tark place sa main chaude sur mes reins afin de me maintenir en place, j’essaie de le frapper, il bloque mes chevilles avec l’une de ses jambes.
« Ne bouge pas, gara. Je comptais t’infliger ta punition, mais pas aussi rapidement cela dit.
– Une punition ? hurlais-je. Tu devais m’en apprendre plus au sujet de Trion !
– Justement. C’est un début. »
Sa main s’abat sur mes fesses avant même que je la sente. La douleur cuisante irradie sur ma peau nue.
« Tark ! Arrête, espèce de connard… dominateur ! »
Il me frappe encore. Et encore. Il frappe à chaque fois à un autre endroit. La peau me brûle.
J’ai du mal à respirer, mes cheveux me tombent sur le visage et je le frappe pour m’en sortir. Il me frappe durement, j’arrive à protéger mes fesses de mes mains mais au lieu de le décourager, il attrape mes poignets de sa main libre tel un étau et continue.
« Tu vas finir par écouter … en te taisant ? » Demande-t-il en frottant ma peau chaude. Je dois être rouge vif et tuméfiée.
J’ai peur de parler, je hoche la tête et m’affale sur ses genoux.
« Ah, gara. Ta soumission fait plaisir à voir. » Avant que je n’aie le temps de réfléchir, il continue, « Nous parlons avec un certain respect ici sur Trion. Cela s’applique aussi au comportement. »
Je retire une mèche de cheveux de ma bouche et réalise que Tark me traite d’impolie. Qu’est-ce qu’il croit, que les terriens sont tous des sauvages ?
« Tu n’as pas à discuter avec le médecin. Je m’en occupe. Il s’est montré impertinent, comme tu l’as dit, mais il est de mon devoir, en tant que ton partenaire de défendre ton honneur. De défendre ton statut de femme dans cette société. De te protéger. Quand tu parles à tort et à travers, tu me coupes l’herbe sous le pied et tu me déshonores. »
C’est quelque peu démodé mais je comprends son raisonnement. Je touche le sol doux. C’est bizarre d’avoir une conversation en regardant par terre, être fessée ne l’est pas moins. Bref, ça se passe comme ça sur Trion. « Je dois m’adresser à toi avec respect ?
– Tu connais les us et coutumes sur Trion ? »
Je secoue la tête.
« Tu sais qui je suis ? »
Je secoue à nouveau la tête.
« Le docteur Bron ou l’examen qu’il voulait te faire subir ?
– Non.
– Si on débarquait sur Terre, tu viendrais me parler, tu m’aiderais à trouver mon chemin ? »
Je serre à nouveau les dents, je déteste son raisonnement qui tient la route.
« Oui. »
Il relâche son étreinte sur mes poignets et m’aide à me relever, je me tiens entre ses genoux écartés. Les fesses me brûlent à cause de la fessée. Heureusement qu’il est grand, ses yeux ne m’arrivent pas au niveau de la poitrine. Je me sens tout autant exposée et vulnérable, surtout après qu’il ait pointé mes erreurs du doigt.
« Je dois vérifier ton implant. »
Ses paroles me tirent de ma réflexion. Je suis surprise qu’il passe d’un sujet à l’autre avec autant de facilité. Il m’a infligé ma punition, on passe à autre chose ?
« Ton neuro-processeur fonctionne correctement puisque tu comprends ce que je dis. »
Je fronce les sourcils. « Quoi ? »
De quoi parle-t-il ? Quel neuro-processeur ?
« N’aie crainte, il est petit. »
Je suis de taille moyenne et fais deux tailles de plus que les normes médicales sur Terre. Je ne suis pas petite, mais comparée à mon nouveau partenaire, je me sens toute petite et très, très femme.
Tark lève ses mains à hauteur de mon visage et ses doigts parcourent mes tempes, juste au-dessus des yeux. Il a dû trouver ce qu’il cherchait parce que lorsqu’il appuie légèrement dessus, je sens deux bosses étranges s’enfoncer dans mon crâne. Ce n’est pas douloureux mais pour le moins étrange. « C’est quoi ? »
Tark enlève ses mains, je touche, les doigts tremblants, au même endroit et je sens les petites boules sous ma peau.
« Ce sont des neuro-processeurs, aussi appelés NP. On les implante à la naissance de tous les membres des races supérieures du Programme des Épouses Interstellaires. Le NP augmente tes capacités cérébrales quant à l’apprentissage de la compréhension des langues et des mathématiques et améliore ta mémoire. Nous utilisons la langue de ma planète, elle a été téléchargée dans ton NP avant ton arrivée. »
Putain de merde. Je suis devenue une cyborg ou quoi ?
« J’ai une technologie extraterrestre implantée dans la tête ? De minuscules câbles sont reliées à mes cellules cérébrales ? Comment le système du NP s’intègre et communique avec le tissu organique ? » Mon esprit médicalement entraîné se pose des centaines de questions sans réponses.
Tark écarquille les yeux et ébauche un rictus. « Tu n’es pas un peu trop curieuse ? »
Au lieu de répondre à mes questions, il jette un œil en direction de la table au milieu de la pièce. « Allonge-toi, Evelyn Day. »
Sa voix est toujours aussi grave, mais moins mordante que lorsqu’il m’a fessée.
Je ne peux pas me soustraire à mon partenaire ni à ce qu’il a prévu pour moi. Je pourrais essayer, mais je décide de ne rien faire, mes fesses sont douloureuses et je paie encore les conséquences de mon comportement. Le médecin a déclenché ma fureur, je me sens tout autre avec Tark. Je n’ai pas apprécié qu’il me frappe—absolument pas—mais son explication tient la route et je me suis trompée. Il m’a puni et est passé à autre chose. Je dois, moi aussi, passer à autre chose, en tirer les leçons. Je n’ai pas envie qu’il recommence. Je frotte ma peau chaude.
Bizarre. Quelque chose dans sa puissance, son côté protecteur—il m’a protégé du médecin—et son côté dominateur m’excite énormément. En voyant son corps massif et musclé sous ses vêtements sombres, j’ai envie de lui plaire. J’aimerais tant effleurer ses bras, sentir ses biceps, ses larges épaules, descendre en direction de sa poitrine. Il doit avoir des abdos bien musclés. Et plus bas …
Je m’allonge sur la table et Tark me suit. Ses mains sur mes hanches, il me soulève sur la surface métallique, je laisse échapper un sifflement en sentant le contact frais sur mes fesses brûlantes.
« Allonge-toi sur le dos, » me dit Tark.
Je me lèche les lèvres et m’installe sur la table, il me regarde de la tête aux pieds. Contrairement au médecin, Tark me regarde avec excitation, c’est certain, mais également avec une sorte de respect. Je sens son regard de braise, ses doigts parcourent mes courbes.
« Comme je te l’ai dit, je dois t’examiner pour m’assurer que tu vas bien. J’ai des plans pour toi, gara. »
Je lèche mes lèvres sèches en entendant sa voix rauque.
« Je vais te toucher. »
Je halète lorsqu’il prend mes seins en coupe, doucement, ses mains sont calleuses.
Il regarde mon mamelon durcir, il frotte son doigt sur le téton, fait tourner l’anneau d’or.
« À quoi … à quoi servent les anneaux ? » Demandais-je doucement.
Je frissonne à l’idée qu’un étranger—qui est aussi mon partenaire—me touche.
« Nous parons nos femmes de bijoux, nous trouvons que les anneaux sont beaux et excitants. » Il regarde mes seins et répond. « Toutes nos partenaires portent des anneaux aux mamelons. En signe d’appartenance et de respect.
– Ça ne fait pas mal, » je chuchote.
Il sourit. « J’espère bien. Je ne veux te procurer que du plaisir, gara, rien d’autre. »
Non, ça ne fait pas mal du tout. Le frottement du métal me procure une drôle de sensation. Mes mamelons ont toujours été très sensibles, mais maintenant, je me cambre pour épouser la forme de sa main.
« Tu as été recrutée conformément à nos règles sociales. Ça prend normalement plusieurs semaines pour que les anneaux cicatrisent, je n’ai pas l’intention d’attendre aussi longtemps pour te toucher … ici. »