Pour L’éternité, et un Jour

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« Tu veux dire Daniel ? », répondit Emily en levant un sourcil. « Il est en ville avec Chantelle et mon père. Ils sont en train d’acheter des trucs pour réparer la serre. »
« Ton père, hein », dit Jayne en secouant la tête dans ce qu’Emily reconnut d'elle-même comme étant de l’incrédulité. « Quand Ames me l’a dit, je n’arrivais pas à y croire. Je ne l’ai vraiment pas vu venir celle-là. »
Amy la foudroya du regard.
« Quoi ? », dit Jayne, sur la défensive. « Je pensais juste qu'il était mort. »
À ce moment-là, Lois apparut pour les aider avec leurs valises. Elle en traîna deux derrière elle le long de l'allée et monta les marches de la véranda.
« Elle est toujours là ? », demanda brusquement Jayne du coin des lèvres. « Je pensais que tu devais la licencier. »
Emily secoua la tête. « Parle moins fort », siffla-t-elle.
Elles entrèrent dans l’hôtel et Lois les enregistra. « Je peux vous montrer vos chambres et prendre certains de vos bagages », déclara-t-elle.
Amy eut l'air impressionnée. « Elle peut enfin faire son travail ! », murmura-t-elle à Emily pendant que Lois commençait à tirer quelques-unes des valises à l'étage.
Emily grimaça. Elle adorait ses amies, mais ils pouvaient parfois être insensibles et grossières.
« J'ai besoin d'une douche », dit Jayne. « Pour ôter de mon corps un peu de cette crasse du motel ! »
Alors qu’elles disparaissaient à l'étage pour s'installer et se rafraîchir, Emily entendit la cloche sonner. Elle pouvait déjà dire que la journée allait être tumultueuse. Elle descendit les marches en trottinant et alla ouvrir la porte.
Une jeune femme aux cheveux bouclés noirs et avec des lunettes se tenait là. Elle avait des boucles d'oreilles pendantes et beaucoup de colliers à perles sur un foulard à motifs cachemire.
« Salut, je suis Bryony », dit-elle avec assurance en tendant une main recouverte de bagues. « L'ami de Serena, de l’université du Maine. Je suis là pour faire le marketing du site internet. » Elle sourit, exhibant ses dents du bonheur.
« Bien sûr », dit Emily. « Entrez. »
Bryony entra dans un tourbillon, apportant une odeur de l'encens avec elle. Elle portait une sacoche d'ordinateur portable à une épaule.
« C’est bon si je m’installe dans votre salle de réception ? », demanda-t-elle avec un signe de la tête vers le salon des clients.
« Oui bien sûr. Tout ce dont vous avez besoin », répondit Emily.
« Le mot de passe pour le Wi-Fi », répondit Bryony. « Oh, et un café serait génial. Je vis grâce à ça. »
« Nous sommes deux », répondit Emily.
Elle alla chercher du café pour Bryony mais n’eut pas vraiment l’occasion de lui parler plus loin car la sonnette retentit à nouveau. Elle alla ouvrir.
Cette fois, c'était un homme mince avec un pantalon en cuir qui se tenait debout sur le seuil de sa porte. Sous son borsalino, il avait les cheveux longs, et ses yeux étaient couverts par des lunettes de soleil. Elle savait que certains amis de Daniel étaient censés arriver ce jour-là, mais cet homme ne ressemblait pas au genre de personnes avec qui elle se serait attendue à ce que Daniel soit ami.
« Puis-je vous aider ? », demanda Emily.
« J'ai une réservation », dit l'homme. Il avait une démarche arrogante distincte chez lui, une sorte d’assurance qui se dégageait de lui.
Tandis Emily le conduisait à l'intérieur et passait derrière le bureau de réception, elle entendit des chuchotements venant d'une des pièces. Elle regarda derrière elle et vit Marnie, Vanessa, et Tracey derrière la porte de la cuisine, à jeter des coups d’œil en gloussant.
Quand Emily se retourna, elle vit que l'homme avait enlevé ses lunettes de soleil et, à sa surprise, elle se retrouva à dévisager un visage très familier. C'était le célèbre chanteur Roman Westbrook.
« Monsieur Westbrook ? », dit Emily en essayant de garder son sang-froid, mais en même temps elle avait une crise de panique. Penser que son petit B&B puisse héberger une personne si célèbre ! Elle avait vraiment fait beaucoup de chemin !
« Vous pouvez m'appeler Roman. »
Emily sentit un éclair d'excitation la traverser.
« Vous avez réservé notre cottage pour deux semaines », nota-t-elle en lisant à haute voix sur l'écran de son ordinateur. Elle vit que Serena avait pris la réservation et se demandait pourquoi, bon sang, son amie n'avait pas partagé l'information sur l’arrivée d'un chanteur célèbre avec elle. Il était très peu probable que Serena ne sache pas qui était Roman Westbrook. Elle avait dû le garder secret précisément pour les surprendre.
Emily se retourna et réalisa que ses doigts tremblaient tandis qu’elle décrochait les clefs du cottage. Derrière la porte de la cuisine, elle aperçut Marnie, Vanessa et Tracey toujours en train de regarder, les yeux exorbités et en train de glousser. Emily leur lança un sourire surpris et excité.
À cet instant-là, Lois apparut au sommet des escaliers, ayant fini d’installer Amy et Jayne dans leurs chambres. Elle s'arrêta net dans les escaliers quand elle vit Roman Westbrook debout dans le couloir et ses yeux s’ouvrirent aussi grand que des soucoupes.
Emily bataillait pour conserver son sang-froid. Elle se tourna vers Roman et sourit avec ce qu'elle espérait être une attitude d’hôtesse professionnelle. « Si vous voulez bien venir avec moi, je vais vous installer. »
Elle le conduisit dans le couloir et le refit sortir par la porte principale, en se retournant pour voir si Lois était encore figée sur l'escalier. Vanessa, Marnie et Tracey étaient toutes sorties de la cuisine, approchant sur la pointe des pieds aussi près qu’elles l’osaient derrière elle, en gloussant blotties comme un groupe d'écolières. Lois dévala les escaliers et les rejoignit, chuchotant avec excitation derrière sa main.
Emily conduisit Roman le long l’allée vers la remise, le cœur battant à chaque fois qu'elle se permettait de seulement penser à côté de qui elle marchait. Quand elle atteignit la porte, elle la déverrouilla, tâtonnant un peu dans son excitation, puis fit signe à Roman d'entrer.
« Cela conviendra très bien », dit Roman en jetant un coup d'œil dans l'appartement indépendant avec un signe de tête satisfait.
Emily ressentit une vague d’excitation en sachant que don petit hôtel était assez bien pour une pop star du calibre de Roman Westbrook ! C'était presque comme si elle naviguait dans un rêve.
Elle lui montra la chambre et la salle de bains, ainsi que certaines des commodités qu'il avait à sa disposition, en se pinçant tout le temps, en pensant : Est-ce que je viens juste de montrer à Roman Westbrook un lave-linge sèche-linge / four / cafetière ? Comment est-ce que ça peut être ma vie ?
Quand le moment arriva de lui remettre sa clé et que leurs doigts s’effleurèrent, Emily se sentit aussi flageolante qu'une adolescente. Ce n'était pas tous les jours qu’on touchait la peau d’une pop star célèbre !
« Je vais vous laisser vous s'installer », dit Emily. « La grande maison est toujours ouverte pour les clients, donc s’il vous plait n'hésitez pas à venir quand vous voudrez. Nous avons un bar et un salon à l'intérieur pour les clients. »
Roman lui lança l'un de ses sourires célèbres.
Elle sortit de la remise en virevoltant, se sentant légère, comme si elle marchait sur l'air, et se précipita dans l’hôtel pour se réjouir de l'expérience avec son personnel.
Quand elle revint à l’intérieur, elle constata que toutes quatre étaient encore en train de glousser.
Lois était à côté de l'ordinateur. « Serena l'a enregistré », annonça-t-elle. « Je parie qu'elle n'a pas dit un mot parce qu'elle voulait nous surprendre. »
« Eh bien, ça a fonctionné. » Marnie se mit à rire en rejoignant Lois. Elle montra l'ordinateur du doigt avec enthousiasme. « Oh mon Dieu. Il est là pour deux semaines ! »
« Ça veut dire qu'il sera là pour le mariage ! », s’écria Lois.
Tout le monde a commencé à pousser des cris et des hourra.
« Je me demande pourquoi il est en ville », dit Tracey.
« Ça ne peut pas être pour des vacances », ajouta Marnie. « Il pourrait passer ses vacances n’importe où dans le monde. Je doute qu'il voudrait venir ici. »
« Peut-être qu'il enregistre son nouvel album ici ? », supposa Tracey.
« Dans quel studio d'enregistrement ?”, s’exclama Vanessa.
« Peut-être qu'il vient tourner une vidéo ! », cria Lois, de plus en plus excitée. « Et nous allons toutes pouvoir être figurantes ! »
La sonnette retentit encore une fois, mais les filles étaient tellement perdues dans leur conversation qu’elles ne parurent même pas l’entendre ; tout du moins Emily supposa que c'était le cas car personne ne bougea. Elle se chargea d’aller répondre.
Avec en bruit de fond les bavardages de son personnel féminin, elle ouvrit la porte et vit trois hommes debout sur le seuil. Robustes. Tatoués. L’air dur, avec des jeans décolorés et des vestes en cuir rapiécées. Emily se demanda s'ils faisaient partie de l'entourage de Roman Westwood. Gardes du corps ou quelque chose de similaire. Ils n'avaient certainement pas l'air d'être là pour s’imprégner de l’atmosphère balnéaire et pittoresque.
« Est-ce que je peux vous aider ? », demanda-t-elle.
« Nous sommes ici pour Daniel », dit l'un d'entre eux. « Il parait qu’il va se marier avec une nana de New York ! »
Ils commencèrent à rire.
« Nous sommes ses amis », ajouta un autre. « Ses témoins. »
Emily sentit le sang quitter son visage. C’étaient les amis d’école de Daniel ? Ceux qu'elle l’avait poussé à inviter ? Ceux qui allaient être à la fête du mariage ? »
Elle ouvrit la bouche pour leur dire d’entrer, mais réalisa que la voix lui manquait. Tout ce qu'elle réussit à sortir fut un couinement strident et le plus faible des sourires.
CHAPITRE QUATRE
Emily se tenait toujours là, bouche bée face aux hommes tatoués qui participeraient bientôt à sa fête de mariage, quand la camionnette de Daniel remonta l'allée.
« Ça doit être le marié ! », dit l'un des hommes tatoués en pivotant sur place.
Le pick-up ralentit pour s'arrêter et Daniel en sauté avec une énergie dans ses pas qui n'était pas familière à Emily. Elle observa, stupéfaite, tandis que les trois hommes dévalaient les marches de la véranda et taclaient Daniel.
Ils feraient mieux de ne pas lui abîmer le visage, pensa-t-elle, en grimaçant face au chahut occasionné par la réunion des vieux amis.
Finalement, le visage de Daniel réapparut du tourbillon de jean et de cuir. Il avait les joues roses, et un grand sourire. Pendant ce temps-là, Roy avait ouvert la porte côté passager et était à moitié sorti. À la surprise d'Emily, il souriait aussi.
« Eh bien voyons, n'avez-vous pas grandi tous les trois, » dit Roy en riant.
« Est-ce que c’est Roy ? », dit le premier.
« J'avais dit que c'était le bon endroit ! », hurla le deuxième, donnant une claque sur le torse du troisième.
« C'était il y a des dizaines d’années », dit le troisième. « Comment je suis censé m’en rappeler ? »
« Parce que c'était les meilleures vacances que nous ayons jamais eu ! », s’écria le premier.
Roy était complètement sorti à présent et tendit la main. « Stuart ? »
L'homme hocha de la tête. « Oui. Et vous vous souvenez de Clyde et Evan ? » Il désigna d’un geste le premier homme avec la barbe rousse en bataille, puis l'homme plus petit et en surpoids.
« Comment pourrais-je oublier ce week-end où Daniel vous a invités pour aller pêcher? », répondit Roy.
« C'était génial », ajouta Evan. « Je ne pense pas que nous nous soyons retrouvés au même endroit depuis ce week-end là, vous savez. »
« Donc vous êtes ses témoins, je présume ? », demanda Roy.
Stuart rayonna. « Bien sûr que nous le sommes. C’est normal que les plus vieux amis d’école de Daniel soient à la cérémonie du mariage. »
« Même si ça fait plus d'une décennie depuis que nous nous sommes tous réunis », ajouta Evan.
« Avez-vous rencontré ma fille Emily ? », dit Roy en faisant un geste vers l'endroit où Emily continuait à regarder avec incrédulité. « Je n'aurais jamais imaginé que Daniel grandirait pour épouser ma petite princesse un jour ! »
À présent, c'était au tour des trois amis d’avoir l'air stupéfait. Ils jetèrent un regard à Emily sur le pas de la porte, bouches bée. Mais plutôt que de paraître embarrassés par leur erreur, Emily se rendit compte qu'ils s’en délectaient. Ils étaient clairement le type d'hommes qui appréciaient embarrasser les autres. Elle grimaça intérieurement.
« C'est la m’dame ? », s’exclama Clyde. « Eh ben pourquoi elle ne l'a pas dit ? »
Il rit et a grimpa en courant les marches de la véranda vers Emily. Quand il l’atteignit, il la saisit dans une accolade. De manière prévisible, il sentait la transpiration.
Emily essaya de garder sa contenance. Mais en réalité, en son for intérieur, elle paniquait. Elle ne voulait pas trop juger Daniel sur son choix de camarades, en particulier s'ils étaient de vieux amis d’école – les enfants en maternelle ont tendance à choisir leurs amis au hasard après tout – mais elle ne pouvait tout simplement pas concilier les quatre ensemble. Elle n’avait jamais été aussi proche du passé de bad-Boy de Daniel. Un aperçu du garçon qu'il avait autrefois été et qu’il aurait facilement pu devenir s'il n'avait pas quitté le Maine pour le Tennessee quand il l’avait fait. Elle devrait être reconnaissante qu'il ait choisi ces trois-là, vraiment, alors que l'autre option était les amis du Tennessee qui connaissaient Sheila.
À ce moment-là, Chantelle sauta de la camionnette et jeta un coup d’œil rapide aux trois hommes. Elle ne fut pas intimidée, cependant. Elle était habituée à ce que des inconnus viennent à l’hôtel et avaient certainement croisés des ploucs durant ses premières années dans le Tennessee.
« Papa Roy, est-ce que nous pouvons commencer à travailler sur la serre, s'il te plaît ? », demanda-t-elle.
« Bien sûr », dit Roy. Puis, tournant son attention vers Stuart, Clyde et Evan, il ajouta, aussi poli que d’habitude, « Si ces messieurs veulent bien m’excuser. »
Roy et Chantelle s’occupèrent de décharger le pick-up de tous les objets qu'ils avaient achetés.
« Laissez-moi vous faire visiter », dit Daniel à ses amis.
Il les fit passer devant Emily et entrer dans le B&B.
Elle les regarda partir, encore abasourdie, toujours incapable d’imaginer Daniel avec ces trois hommes costauds. Elle se retourna pour les suivre à l'intérieur, à temps pour voir Amy et Jayne descendre les escaliers.
Stuart siffla les deux femmes et Emily grimaça. Ni l'une ni l'autre de ses amies n'était du genre à laisser passer ce genre de chose. Pas même Jayne, qui aimait habituellement l'attention masculine. Terrifié à l’idée que les choses dégénèrent, Emily se précipita pour s’interposer à l'avance.
« Amy, Jayne », les appela-t-elle. « Vous vous êtes bien installée dans vos chambres ? »
Amy détourna ses yeux plissés de Stuart vers son amie. « Oui. Merci, Em. Mais nous devons nous mettre au travail. Il y a beaucoup de commissions à faire. »
« Vraiment ? », dit Emily dans un grognement. Elle avait l'impression que tout ce qu'elle faisait depuis des semaines était d’organiser le mariage. Était-il vraiment possible qu’il y ait encore tant de choses à faire ? Mais d’un autre côté quitter l’hôtel était probablement une bonne idée. Moins elle passerait de temps avec les amis de Daniel, mieux ce serait. « D'accord », accepta-t-elle. « Sortons d'ici. »
Elle pressa ses amies vers la sortie avant que Daniel n'ait eu l’opportunité de présenter ses camarades. Du coin de l’œil, elle aperçut son expression. Il semblait agacé par son comportement, par son impolitesse de ne pas permettre à chacun de faire connaissance. Mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. S'il l'avait prévenue d'une manière ou d'une autre, les choses auraient été différentes. Au moins, elle aurait pu lui dire de veiller à ce qu'ils ne sifflent pas ses amies, et prévenir ses amies qu’elles devraient s'attendre à un comportement de plouc. Mais comme d’habitude, Daniel l'avait tenue dans l’ignorance à propos de certains des éléments plus douteux de son passé. Et une fois de plus, les blancs de son passé la lancinaient, la faisaient douter des fondations même de leur relation.
*
Emily et ses amis se rendirent dans la ville voisine afin d'aller dans une parfumerie qu’Amy voulait voir depuis des années.
« Ils font le parfum spécifiquement pour toi », expliqua Amy en conduisant. « Un parfum sur mesure pour une femme unique. »
« Ça a l’air… » Emily s'arrêta. Elle voulait dire inutile mais se ressaisit de la dernière seconde. Au lieu de cela, elle termina par un modeste et peu convaincant, « …amusant. »
« Tout le monde fait ça de nos jours », ajouta Jayne depuis le siège arrière. « Ce serait tout simplement grossier de ne pas le faire. »
Manifestement excitée par le voyage, Amy se gara et puis prit Emily par les épaules et la dirigea dans le magasin, sautillant à chaque pas.
La dame au comptoir les accueillit avec un sourire chaleureux. Emily fut reconnaissante quand Amy prit l'initiative. Elle n'avait guère envie d'interagir. Son esprit était toujours bloqué sur les amis de Daniel.
« Tiens », dit Amy en passant une lamelle odorante sous le nez d'Emily. « Qu'est-ce que tu penses ? Orange sanguine. »
Emily plissa le nez. « Je ne pense pas que ce soit très moi. »
« Non, j’imagine que ça ne l’est pas », dit Amy. Elle baissa la tête et commença à regarder les autres options de parfums.
« Tu sembles distraite », dit Jayne à Emily.
« Désolée », répondit Emily. « Je suis juste en train de…réfléchir. »
« Pas aux parfums, je suppose », demanda Jayne. « Allez, Em. Tu sais que tu peux tout me dire. »
Emily secoua la tête. « Je ne veux pas le dire. Je ne veux pas passer pour une garce. »
Jayne lui lança un regard. « Honnêtement, c'est à moi que tu parles. Je suis la Reine des Garces. Je doute que tout ce que tu pourrais me dire puisse même paraître assez méchant à mes oreilles. »
Juste à cet instant-là, Amy approcha précipitamment et attrapa Emily par les bras. Elle tapota un peu de parfum sur son poignet.
« Sens ! », s’exclama-t-elle avec excitation.
Emily renifla. Le parfum était frais et floral. « C'est beaucoup mieux », dit-elle.
Amy esquissa un grand sourire. « D'accord. J'ai saisi. J'ai la fragrance parfaite pour compléter ça. » Elle partit à la hâte et baissa la tête avec la jeune fille derrière le comptoir pendant qu'elles parcouraient avec effervescence les échantillons.
« Alors » ? » insista Jayne auprès Emily. Elle n’allait manifestement pas laisser tomber.
Emily soupira bruyamment. « C’est juste ces gars à l’hôtel. »
« Les sangliers qui avaient l'air de n'avoir pas pris de douche depuis une semaine ? »
« Oui, ceux-là », répondit Emily. Elle mordit sa lèvre. « Eh bien, ce sont les amis de Daniel. Ses témoins. »
« Oh, mon Dieu ! », s’écria Jayne dans une exclamation théâtrale. « Ils vont être sur les photos ? »
Emily sentit ses joues brûler. La réaction horrible de Jayne la faisait se sentir encore plus mal.
« C'est juste la manière dont il me cache ces éléments de son passé », expliqua Emily. « Jamais de la vie je n'aurais imaginé que ses meilleurs amis seraient comme ça. »
« Moi non plus », répondit Jayne. « Je pensais que ce seraient des genres de bûcherons bien bâtis. »
Emily enfonça sa tête entre ses mains. « Maintenant j’aurais aimé l’avoir laissé demander à son patron », répondit-elle sombrement. « J’aurais préféré des mains tachées de peinture plutôt que ces trois-là »
Amy approcha avec un autre échantillon de parfum, l’air concentré. Sans même parler, elle attrapa le bras d'Emily et déposa le nouveau parfum à l'intérieur de son poignet, sur le premier. Amy renifla. Fronça les sourcils. Renifla à nouveau. Puis sourit.
« Je pense que je l'ai », dit-elle.
Emily sentit. « Ouais, c'est sympa », répondit-elle d'une voix terne.
« Tu ne l’aimes pas ? », demanda Amy.
« Ce n'est pas ça », l’interrompit Jayne. « Emily a rencontré les témoins aujourd'hui. »
Amy leva un sourcil. « Oh ? Les insaisissables amis de Daniel ? »
Jayne saisit le bras d'Amy. « Tu ne devineras jamais. Ce sont ces trois du vestibule ! »
Les yeux d’Amy s’écarquillèrent. « Ceux sur lesquels j'ai presque déchaîné les enfers ? »
« Les mêmes. »
Amy regarda alors Emily. « Oh chérie. Je suis désolée. »
Emily grimaça de nouveau. Les amis de Daniel étaient des mufles, mais elle révélait un aspect très malveillant à la fois de sa personnalité et de celle de ses amies. Elle savait qu'ils étaient critiques et mesquines. Mais elle ne pouvait s’en empêcher.
« Écoute », dit Amy, prenant les choses en main, comme elle avait souvent coutume de le faire. « Pourquoi n’en finissons-nous pas avec ici, maintenant que nous avons trouvé le parfum, pour retourner à l’hôtel ? Nous pouvons prendre quelques verres, délier un peu les langues de chacun. Ensuite, nous irons au fond des choses pour toi. Découvrir ce qui se trame. Qui ils sont, ce qu'ils font. Apprendre des potins croustillants. »
« C'est pour les potins croustillants que je suis inquiète », répondit lugubrement Emily. « Je ne comprends pas comment Daniel peut être ce qu'il est avec ce passé mystérieux et ces amis étranges. Rien de tout cela ne correspond. Il y a comme un jeune Daniel qui détestait sa vie chez lui, faisait l'école buissonnière et avait presque fugué, celui qui était ami avec ces trois-là. Ensuite, il y a le Daniel du Tennessee, celui qui eut un enfant et tabassé un gars jusqu’au sang. Ni l'un ni l'autre ne sont mon Daniel. Ça me rend folle. »
Amy lui tapota l'épaule. « Tu as juste la trouille pour le mariage. Ça va. Tout le monde a un passé. »
« Mais tout le monde ne le dissimule pas comme Daniel le fait. »
« Il est juste embarrassé », dit Jayne. « Je le serais si c'étaient mes amis ! » Elle gloussa.
Emily voulait laisser ses amies lui remonter le moral, mais cela ne fonctionnait simplement pas. L'idée d’être tous assis autour d'une table à discuter, sans parler de l'alcool ajouté à l’équation, ne lui semblait pas si attirante. Mais cela arriverait tôt ou tard. Autant en finir avec ça.
« D'accord, c’est bon », dit Emily. « Débarrassons-nous-en. »
Amy paya pour le parfum, échangea des cartes de visite avec la fille derrière le comptoir, et elles quittèrent le magasin. Les amies d'Emily passèrent les bras dans les siens, la soutenant, comme toujours, à chaque étape de son parcours.
« Je ne sais pas ce que je ferais sans vous, les filles, dit Emily tandis flânaient jusqu’à la voiture d'Amy.
« Moi si », dit Amy avec une étincelle espiègle dans les yeux. « Tu sentirais bien pire que ça ! »
CHAPITRE CINQ
C'était un étrange mélange de personnes, c’était le moins qu’on puisse dire. Le seul soulagement qu’Emily pouvait ressentir en contemplant l'étrange collection de visages éparpillés autour de la table de la véranda était que son père et Chantelle n'étaient pas là, puisqu'ils étaient trop absorbés par leur travail dans la serre pour participer.
La conversation était tendue. Même un pichet de bière ne semblait pas aider.
« Comment vous êtes-vous tous rencontré, alors ? », demanda Amy, essayant visiblement d'être aussi amicale que possible.
« Je suis le plus vieil ami de Daniel », dit Stuart. « Je l'ai rencontré à l'école, il y a longtemps. Du temps où il s'appelait encore Dashiel ! »
« Moins on en dit à ce sujet, mieux ça vaudra, merci », répondit Daniel. Jeune, il avait changé son nom de celui de son père.
« J'ai rejoint le gang au collège », ajouta Evan. « Nous avons ramassé Clyde au lycée. »
« Nous nous sommes attirés des ennuis à partir de ce moment-là », termina Clyde. « Ensuite, nos chemins se sont en quelque sorte séparés. »