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« Je vois… »
« Écoute, je sais que certaines rumeurs en ville ne sont pas des plus agréables, mais ta mère aimait ton père. Elle l’aimait vraiment beaucoup. Il faisait tout son possible pour la soutenir. Quand il est devenu policier et qu’ils pouvaient à peine payer leurs factures, il a même fait un prêt et acheté ce minuscule édifice d’appartements en-dehors de la ville. Il essaya d’être propriétaire pendant environ deux ans mais ce n’était pas fait pour lui. Mais les revenus étaient suffisants pour les maintenir à flot, par contre. »
« À quand ça remonte ? » demanda-t-elle.
« Avant que tu ne sois là, ça, c’est sûr, » dit Amy. « On était tous si jeunes à l’époque. Mon dieu, je n’arrive pas à comprendre comment j’oublie certains détails aussi facilement… »
Mackenzie ne put s’empêcher de sourire. Juste comme ça, elle venait d’apprendre quelque chose de nouveau sur son père. Peut-être que sa mère et lui avaient mentionné cette tentative d’être propriétaire devant elle dans le passé mais si c’était le cas, elle n’y avait jamais vraiment prêté attention.
« Amy, à quand date la dernière fois où vous avez parlé avec ma mère ? »
« Le jour avant qu’elle ne parte pour cette résidence. Je ne cherche pas à retourner le couteau dans la plaie, mais même à ce moment-là, je pense qu’elle était fâchée sur toi. Mais elle ne m’a jamais dit pourquoi. »
« Et est-ce qu’elle a dit quoi que ce soit concernant mon père ? »
« Elle disait que c’était arrivé comme un cauchemar. Elle disait que c’était sa faute et qu’elle aurait dû être capable de l’empêcher. J’ai imaginé qu’elle se sentait surtout coupable d’être endormie et de ne pas s’être réveillée quand cette personne est apparemment entrée dans la maison avec une arme. »
« Il y a quoi que ce soit d’autre dont vous vous rappeliez ? » demanda Mackenzie.
Pendant qu’Amy réfléchissait, Mackenzie repensa à une des choses qu’elle venait de lui dire. Elle aurait dû être capable de l’empêcher.
Ça semble un commentaire bien étrange à faire au vu de ce qui s’est passé.
Elle sait quelque chose. Ça a toujours été le cas et j’ai toujours eu bien trop peur de lui poser la question…
Merde. Il va falloir que je l’appelle.
Amy finit par lui répondre : « Non, rien dont je puisse me rappeler pour l’instant. Mais tu as ravivé des souvenirs du passé, alors si je me rappelle de quoi que ce soit, je n’hésiterai pas à t’en informer. »
« Ce serait très apprécié, » dit Mackenzie, en tendant à Amy une de ses cartes de visite.
Elle sortit de la maison, trop contente de pouvoir respirer l’air frais. Elle se dirigea vers sa voiture, consciente d’empester la fumée de cigarette et en méditant sur ce qu’elle avait appris de nouveau sur son père.
Un propriétaire, pensa-t-elle. Je ne peux pas du tout l’imaginer ! Je me demande si Stéphanie savait…
Mais dans la foulée, une autre évidence lui vint à l’esprit.
Je vais devoir rendre visite à ma mère. Je ne vais pas pouvoir l’éviter plus longtemps.
Cette pensée la rendit instantanément nerveuse. Alors qu’elle regagnait la Dublin Road, le simple fait de penser qu’elle allait voir sa mère la mettait mal à l’aise. Elle avait l’impression d’avoir un poids sur l’estomac. Elle roula en direction de la ville, en essayant de penser à ce qu’elle pourrait bien faire d’autre pour reporter l’inévitable visite.
CHAPITRE SEPT
Elle avait encore une autre tâche à faire avant de se tourmenter davantage à l’idée d’une visite avec sa mère. Elle consulta les dossiers de l’enquête et en sortit les informations concernant l’autopsie de son père. Elle trouva le nom du médecin légiste qui avait rédigé le rapport et se mit en quête de le retrouver.
Ce fut assez facile. Bien que le médecin légiste en question ait pris sa retraite deux ans plus tôt, le comté de Morrill était le genre d’endroit qui ressemblait à un trou noir. C’était impossible d’en sortir. C’est pourquoi il y avait autant de visages familiers dans les rues de la ville. Personne n’avait songé à partir, à aller voir ce que la vie pouvait leur offrir ailleurs.
Elle avait appelé l’agent Harrison à Washington pour obtenir l’adresse de Jack Waggoner, le médecin légiste qui avait travaillé sur son père. Elle obtint l’adresse en quelques minutes et se dirigea vers une autre petite ville du nom de Denbrough. Denbrough se trouvait à soixante kilomètres au Sud de Belton, deux petites taches sur la carte du comté de Morrill.
Jack Waggoner vivait dans une maison qui se trouvait à côté d’une grande prairie. De vieux poteaux et du fil barbelé indiquaient que la prairie avait autrefois servi à garder des chevaux ou du bétail. Quand elle gara sa voiture dans l’allée de la jolie maison à un étage de style colonial, elle vit qu’une femme était occupée à arracher les mauvaises herbes d’un jardin de fleurs qui entourait le porche d’entrée.
La femme ne la quitta pas des yeux, depuis le moment où Mackenzie avait engagé sa voiture dans l’allée jusqu’au moment où elle en sortit.
« Bonjour, » dit Mackenzie, cherchant à nouer le contact le plus rapidement possible avec la femme, avant que son regard insistant ne commence à l’agacer.
« Bonjour, » dit la femme. « À qui ai-je l’honneur ? »
Mackenzie sortit son badge et se présenta de la manière la plus agréable possible. Les yeux de la femme s’illuminèrent instantanément et elle cessa de la regarder d’un air méfiant.
« Et qu’est-ce qui amène le FBI à Denbrough ? » demanda la femme.
« J’espérais pouvoir parler avec monsieur Waggoner, » dit-elle. « Jack Waggoner. Est-ce qu’il est à la maison ? »
« Oui, il est là, » dit la femme. « Je suis Bernice, au fait. Sa femme depuis trente et un ans. Il reçoit parfois des appels du gouvernement, toujours concernant des cadavres qu’il a examinés dans le passé. »
« Oui, c’est la raison de ma visite. Pourriez-vous lui demander de venir ? »
« Je vais vous conduire jusqu’à lui, » dit Bernice. « Il est en plein milieu d’un projet. »
Mackenzie suivit Bernice dans la maison. Elle était propre et peu décorée, donnant l’impression d’être bien plus vaste qu’elle ne l’était en réalité. La disposition de l’endroit lui fit à nouveau penser que le vaste pré à l’extérieur devait définitivement avoir autrefois contenu du bétail – du bétail qui avait permis de payer pour une telle maison.
Bernice la guida jusqu’au sous-sol aménagé. Quand elles arrivèrent en bas des escaliers, la première chose que vit Mackenzie, ce fut une tête de cerf accrochée au mur. Puis, en continuant, elle vit un petit chien empaillé – un vrai chien qui avait été empaillé après sa mort. Il était perché dans un coin sur une sorte de plateforme bizarre.
Dans le coin tout au fond, un homme était assis, penché sur un établi. Une lampe illuminait ce sur quoi il était occupé à travailler et qui était dissimulé par son dos et ses épaules.
« Jack ? » dit Bernice. « Tu as de la visite. »
Jack Waggoner se retourna et regarda Mackenzie à travers des lunettes au verre épais. Il les retira, cligna des yeux d’une manière presque comique et se leva lentement de son siège. Quand il bougea, Mackenzie put voir ce sur quoi il travaillait. Elle vit le corps de ce qui ressemblait à un lynx.
Taxidermie, pensa-t-elle. Apparemment, il fallait qu’il continue à être en contact avec des cadavres après sa retraite.
« Je ne pense pas qu’on se soit déjà rencontré, » dit Jack.
« Non, effectivement, » dit-elle. « Je suis Mackenzie White, du FBI. J’aurais aimé vous parler d’un corps dont vous avez fait l’autopsie il y a environ dix-sept ans. »
Jack laissa échapper un sifflement et haussa les épaules. « Et bien, j’ai déjà du mal à me rappeler les corps sur lesquels j’ai travaillé durant ma dernière année de service – et ça ne remonte qu’à deux ans. Alors, dix-sept ans, ça risque d’être plus difficile. »
« C’était une affaire d’une certaine importance, » dit-elle. « Un policier… un détective, en fait. Un homme du nom de Benjamin White. C’était mon père. Il a été tué d’une balle… »
« D’une balle dans la nuque, » dit Jack. « Avec un Beretta 92, si ma mémoire ne me fait pas défaut. »
« Exactement. »
« Oui, celui-là, je m’en rappelle. Et… et bien, je suppose que je suis enchanté de vous connaître. Désolé pour votre père, bien entendu. »
Bernice soupira et s’avança en direction des escaliers. Elle sourit sur un air d’excuse et fit un petit signe d’au revoir à Mackenzie en partant.
Jack sourit à sa femme au moment où elle se dirigea vers les escaliers. Quand le bruit des ses pas eut disparu, Jack regarda en direction de son établi. « Je vous serrerais bien la main mais… et bien, je ne suis pas sûr que vous le vouliez. »
« La taxidermie paraît un hobby tout à fait approprié pour un homme avec votre carrière professionnelle, » dit Mackenzie.
« Ça fait passer le temps. Et les revenus extra sont également bienvenus. Enfin… je m’éloigne du sujet. Que voulez-vous savoir concernant l’enquête sur Ben White ? »
« Franchement, je cherche quoi que ce soit qui sorte de l’ordinaire. J’ai lu les rapports au moins une cinquantaine de fois, je crois. Je les connais sur le bout des doigts. Mais je suis aussi consciente qu’il y a souvent de minuscules détails qui ne sont remarqués que par une ou l’autre personne – des détails qui ne semblent pas valoir la peine d’être inclus sur le moment – qui ne se retrouvent pas dans le rapport officiel. C’est ce genre de choses que je recherche. »
Jack prit un moment pour y réfléchir mais à l’air de déception qui se peignait sur son visage, Mackenzie en conclut qu’il ne voyait rien en particulier. Après quelques instants, il secoua la tête. « Désolé. Mais du point de vue du corps en lui-même, il n’y avait rien qui sorte de l’ordinaire. Manifestement, les causes du décès étaient évidentes. Et à part ça, il avait un corps sain et en bonne santé. »
« Alors pourquoi vous en souvenez-vous aussi bien ? »
« À cause de la nature même de l’affaire. J’ai toujours trouvé qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. Votre père était un policier respecté. Quelqu’un est entré dans votre maison, lui a tiré une balle dans la nuque et est parvenu à ressortir sans que personne ne le voit. Un Beretta 92 n’est pas particulièrement bruyant mais assez pour réveiller une maisonnée. »
« Ça m’a réveillée, » dit Mackenzie. « Ma chambre se trouvait directement à côté de la sienne. J’ai entendu le coup de feu mais je ne savais pas ce que c’était. Puis j’ai entendu des bruits de pas et quelqu’un passer devant ma chambre. La porte de ma chambre était fermée, quelque chose que je ne faisais jamais enfant. Je laissais toujours une fente. Mais quelqu’un l’avait fermée. La même personne, j’imagine, qui a tué mon père. »
« C’est vrai. C’est vous qui avez découvert le corps, n’est-ce pas ? »
Elle hocha la tête. « Et c’était à peine deux ou trois minutes après le coup de feu. C’est le temps que ça m’a pris pour réaliser qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond. C’est à ce moment-là que je suis sortie de mon lit et que je suis allée dans la chambre de mes parents. »
« Comme je vous le disais… j’aurais aimé pouvoir vous en apprendre davantage. Et veuillez me pardonner de vous dire ça, mais il y a quelque chose dans la version officielle qui ne tient pas la route. Est-ce que vous avez parlé de tout ça avec votre mère ? »
« Non, pas en détails. Nous ne sommes pas vraiment les meilleures amies du monde. »
« Elle était dévastée les jours précédant l’enterrement. Personne ne pouvait lui adresser la parole. Elle passait des sanglots à une rage folle en une fraction de seconde. »
Mackenzie hocha la tête mais resta silencieuse. Elle se rappelait très bien les accès de rage de sa mère. C’était l’une des raisons principales de son admission ultérieure dans un hôpital psychiatrique.
« Est-ce qu’il y a eu une sorte de confidentialité impliquée au moment où le corps est arrivé à la morgue ? » demanda-t-elle.
« Pas que je me rappelle. Rien de louche, d’après ce que je sais. C’était juste un autre cadavre qui nous était livré. Mais vous savez… je me rappelle d’un policier qui était tout le temps présent. Il était avec eux quand le corps est arrivé et il est resté pendant tout un temps à proximité du bureau médical, comme s’il attendait quelque chose. Je suis presque certain de l’avoir également vu à l’enterrement. Benjamin White était un type respecté… particulièrement par les autres policiers. Mais celui-là… il était là tout le temps. Si ma mémoire ne me fait pas défaut, il est resté un peu longtemps à l’enterrement, comme s’il avait besoin d’être seul pour assimiler l’information. Mais bon, ça date d’il y a longtemps. Dix-sept ans, ça fait un bail. Les souvenirs commencent un peu à faillir quand on arrive à mon âge. »
« Est-ce que vous vous rappelez le nom de ce policier ? » demanda-t-elle.
« Non. Mais je suis presque certain qu’il a signé quelques paperasseries à un moment donné. Peut-être que si vous parvenez à obtenir les dossiers originaux ? »
« Peut-être, » dit Mackenzie.
Il dit la vérité et il est désolé pour moi, pensa Mackenzie. Il n’y a rien de plus à apprendre ici… à moins que je veuille me mettre à la taxidermie.
« Merci pour le temps que vous m’avez consacré, monsieur Waggoner, » dit-elle.
« Pas de problèmes, » dit-il, en la raccompagnant à l’étage. « J’espère vraiment que vous parviendrez à élucider cette affaire. J’ai toujours pensé qu’il y avait quelque chose de pas net dans tout ça. Et bien que je ne connaisse pas vraiment bien votre père, je n’ai toujours entendu que de bonnes choses à son sujet. »
« Merci, » dit Mackenzie.
Elle le remercia une dernière fois et sortit de la maison. Elle fit un signe d’au revoir à Bernice qui s’occupait de nouveau des mauvaises herbes et elle entra dans sa voiture. Il était quinze heures mais elle avait l’impression qu’il était bien plus tard que ça. Elle supposa que le vol de Washington jusqu’au Nebraska, suivi par six heures de route, commençaient tout doucement à l’affecter.
Mais il était trop tôt pour finir journée. Elle se dit qu’elle pourrait terminer par une visite à l’endroit où elle avait toujours pensé qu’elle finirait, bien qu’elle n’y ait jamais mis les pieds : le commissariat de Belton.
CHAPITRE HUIT
Le commissariat de Belton lui rappelait le commissariat où elle avait passé bien trop de temps en tant que policier et détective avant d’entrer au FBI. L’endroit était plus petit mais lui donnait la même sensation de suffoquer. C’était comme si elle avait fait un énorme pas en arrière dans son passé.
Après avoir suivi la femme de la réception à travers un espace central, Mackenzie se dirigea vers une petite pièce à l’arrière de l’édifice. Une pancarte à côté de la porte indiquait qu’il s’agissait là de la salle des archives. C’était presque consternant de constater combien le processus avait été nonchalant. Elle avait montré son badge à la femme de la réception, qui avait ensuite passé un coup de fil, reçut l’autorisation et l’avait amenée jusque là.
Et c’était tout. En chemin vers la salle des archives, seulement deux policiers lui adressèrent un signe de tête et la regardèrent d’un air interrogateur, mais rien de plus. Personne ne l’arrêta ni ne lui demanda ce qu’elle faisait là. Et franchement, c’était tant mieux. Moins elle aurait de distractions, plus vite elle pourrait sortir d’ici.
La salle des archives consistait en une petite table en chêne au centre de la pièce, entourée de deux chaises. Le reste de la salle était occupé par des armoires de classement rangées contre les murs. Certains étaient anciens et abîmés, d’autres étaient plus neufs. Elle fut surprise de constater combien les dossiers étaient bien organisés. Les plus vieilles armoires contenaient des dossiers datant de 1951. Par curiosité et afin de mieux apprécier la qualité du classement, elle ouvrit l’un de ces tiroirs et jeta un coup d’œil à l’intérieur. Des documents, des dossiers usés et d’autres éléments y étaient soigneusement rangés, bien que l’odeur de vieux papier et la couche de poussière indiquent clairement qu’ils n’avaient pas été consultés depuis très longtemps.
Elle referma le tiroir et examina les étiquettes placées sur les armoires jusqu’à ce qu’elle trouve celle dont elle avait besoin. Elle ouvrit le tiroir et se mit à fouiller dans les dossiers. L’avantage d’être policier dans une aussi petite ville, c’était qu’il n’y avait en général pas beaucoup d’enquêtes par an. Quand elle avait commencé à faire des recherches sur la mort de son père, elle avait découvert que, l’année de sa mort, il n’y avait eu que deux homicides dans toute la région de Belton.
C’est pourquoi il lui fut très facile de retrouver le dossier concernant son père. Elle le sortit et fronça les sourcils quand elle constata combien il semblait peu étoffé. Elle regarda même dans le tiroir pour vérifier si elle n’y avait pas laissé un autre dossier, mais il n’y avait rien d’autre.
Se contentant dès lors de ce mince dossier, Mackenzie s’assit à la petite table au centre de la pièce et commença à le feuilleter. Il y avait plusieurs photos de la scène de crime, qu’elle avait déjà eu l’occasion de voir. Elle parcourut également les notes concernant l’enquête. Elle les avait également déjà lues auparavant ; elle en avait même des photocopies dans sa propre collection de rapports sur cette affaire. Mais le fait de voir les documents originaux – de les tenir en main – rendait l’affaire encore plus réelle, d’une certaine manière.
Il y avait quelques documents dans le dossier dont elle n’avait pas de photocopies personnelles. Parmi ceux-ci, se trouvait une copie du rapport du médecin légiste, signé en bas par Jack Waggoner. Elle le parcourut, fut satisfaite par le rapport et les notes, et continua à la page suivante. Elle ne savait pas vraiment ce qu’elle cherchait mais il n’y avait rien de neuf pour l’instant. Mais quand elle arriva à l’arrière du dossier, elle tomba sur la page deux du rapport final, où une note maintenait que l’affaire n’était pas résolue.
Au bas, il y avait deux signatures griffonnées à côté du nom imprimé de chaque policier. L’un était Dan Smith, l’autre Reggie Thompson.
Mackenzie retourna au rapport du médecin légiste pour vérifier le nom des officiers qui y avaient signé. Il n’y avait qu’un seul nom : Reggie Thompson. Le nom de Thompson apparaissant sur les deux documents était un bon indicateur qu’il devait s’agir du policier qui semblait avoir plané au-dessus de l’enquête, même au bureau du médecin légiste.
Elle feuilleta à nouveau le dossier pour s’assurer que rien ne lui avait échappé. Mais comme elle s’y attendait, il n’y avait rien de plus. Elle remit le dossier en place dans l’armoire et quitta la pièce. Elle retraversa le couloir en prenant son temps. Elle regarda les noms indiqués sur les pancartes accrochées à côte de chacune des portes. La plupart des portes étaient ouvertes mais il n’y avait personne à l’intérieur des bureaux. Ce ne fut qu’au moment d’arriver presque au bout du couloir, vers la pièce centrale et la réception, qu’elle trouva un bureau occupé par quelqu’un.
Elle frappa à la porte à moitié ouverte et une voix enjouée lui répondit par un « Entrez ».
Mackenzie entra et fut accueillie par une femme rondelette assise derrière un bureau. Elle était occupée à taper quelque chose sur son ordinateur et regarda Mackenzie tout en continuant.
« Je peux vous aider ? » demanda la femme.
« Je cherche un policier du nom de Reggie Thompson, » dit Mackenzie.
Apparemment, cette question parvint à attirer l’attention de la femme. Elle arrêta de taper sur son clavier et regarda Mackenzie avec un froncement de sourcils. Sachant ce qui allait suivre, Mackenzie lui montra son badge et se présenta.
« Oh, je vois, » dit la femme. « Dans ce cas, je suis désolée de vous apprendre que l’officier Thompson a pris sa retraite l’année dernière. Il est resté aussi longtemps qu’il a pu, mais il a fini par devoir arrêter. On lui a diagnostiqué un cancer de la prostate. D’après ce que j’en sais, il est parvenu à le vaincre mais il ne s’en est pas sorti indemne. »
« Vous savez s’il accepte des visites ? J’aurais aimé lui poser quelques questions concernant une affaire sur laquelle il a travaillé dans le passé. »
« Je suis presque certaine qu’il adorerait ça, en fait. Il appelle le commissariat au moins une fois par semaine pour avoir des nouvelles… pour savoir quelles sont les affaires en cours. Mais si j’étais vous, j’attendrais demain. D’après ce que sa femme m’a raconté, il en fait de trop le matin et en début d’après-midi, et à quinze heures, il n’a en général plus d’énergie. »
« J’attendrai demain, alors, » dit Mackenzie. « Je vous remercie du conseil. »
Mackenzie quitta le commissariat avec le même manque d’énergie qu’elle avait ressenti en y entrant. Au final, elle n’y avait passé qu’une demi-heure et bien qu’il lui reste encore une bonne partie de l’après-midi à sa disposition, elle se sentait fatiguée. Et puisque Reggie Thompson préférait avoir des visites le matin, ça ne lui laissait pas beaucoup d’autres options.
Elle quitta le commissariat et se dirigea vers le motel. En chemin, son téléphone sonna et elle fut contente de voir que c’était Ellington. Bien qu’ils ne soient pas techniquement en dispute, c’était tout de même étrange d’être en désaccord avec lui.
Il fait ce qui est juste, se dit-elle. Laisse-le un peu tranquille.
Elle décrocha rapidement avec un : « Salut, comment ça va ? »
« J’ai parlé avec au moins une douzaine de vagabonds aujourd’hui. J’ai une toute autre vision de ce qu’ils ont à endurer mais j’en suis aussi arrivé à la conclusion qu’ils ne sont pas les sources les plus fiables d’informations. Et toi ? »
« Je fais des progrès, » dit-elle, bien qu’elle ait l’impression que ce soit un mensonge. « J’ai parlé avec quelques personnes du coin qui m’ont donné leur perception de l’affaire – des rumeurs de petite ville vraiment, mais il y a en général toujours un fond de vérité dans tout ça. J’ai parlé avec le médecin légiste qui s’est occupé du corps de papa, puis je suis passée par le commissariat pour consulter les dossiers. J’y ai trouvé le nom d’un policier qui semble avoir été particulièrement attaché à l’enquête et je vais lui parler demain. »
« Tu en as certainement fait beaucoup plus que moi, » dit-il. « Tu penses rester encore combien de temps ? »
« Je ne sais pas. Ça dépend de ce qui va se passer demain – tant ici qu’à Omaha. Quel est l’état d’esprit là-bas ? »
Ellington hésita avant de répondre. « Pour être tout à fait honnête, c’est tendu. Penbrook est fâché que tu aies tout simplement décidé de partir aussi loin. Il essaie d’être aussi utile qu’il le peut, mais il me fait comprendre de manière très claire qu’il n’est pas content. »
« Et toi ? »
« Je pense toujours la même chose qu’hier. J’aimerais être là-bas avec toi… ou que tu sois toujours ici. Mais diviser pour mieux régner était le meilleur choix à faire. Je pense que même Penbrook s’en rend compte. Mais pour être tout à fait honnête, ici à Omaha, ils sont plutôt d’avis que tu utilises ça comme une excuse pour faire une visite à ta ville natale et à ton passé. »
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