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Il se tourna et regarda sa main, comme si un serpent le touchait, jusqu’à ce que finalement elle la retire. Plusieurs moines sortirent précipitamment de l’ombre et restèrent non loin, la regardant avec colère – jusqu’à ce que finalement Eldof leur fasse un signe de la tête, et ils se retirèrent.
« Dites-moi », lui dit-elle, « je vous répondrais une fois. Que souhaitez-vous savoir ? »
« Guwayne », dit-elle, à bout de souffle. « Mon fils. Comment puis-je le retrouver ? Comment puis-je changer le destin ? »
Il la regarda longuement.
« La réponse a été devant vous tout le long, et pourtant vous ne voyez pas. »
Gwen se creusa la tête, désespérée de savoir, cependant elle ne pouvait comprendre ce que c’était.
« Argon », ajouta-t-il. « Il reste un secret qu’il a craint de vous dire. C’est là que la réponse se trouve. »
Gwen fut abasourdie.
« Argon ? » demanda-t-elle. « Est-ce qu’Argon sait ? »
Eldof secoua la tête.
« Il l’ignore. Mais son maître sait. »
L’esprit de Gwen tournoyait.
« Son maître ? » demanda-t-elle.
Gwen n’avait jamais envisagé qu’Argon ait un maître.
Eldof acquiesça.
« Demandez à ce qu’il vous mène à lui », dit-il, un caractère définitif dans la voix. « Les réponses que vous recevrez surprendront même vous. »
CHAPITRE TREIZE
Mardig se pavanait dans les couloirs du château avec détermination, le cœur battant pendant qu’il considérait dans son esprit ce qu’il était sur le point de faire. Il tendit la main vers le bas et avec une paume moite serra la dague dissimulée à sa taille. Il parcourait le même passage qu’il avait emprunté des millions de fois auparavant – en route pour voir son père.
La chambre du Roi n’était pas loin maintenant, et Mardig faisait des tours et détours le long des couloirs familiers, passait tous les gardes qui s’inclinaient avec révérence à la vue du fils du Roi. Mardig savait qu’il avait peu à craindre d’eux. Personne n’avait idée de ce qu’il s’apprêtait à faire, et personne ne saurait ce qu’il s’était passé jusque longtemps après que l’acte eut été commis – et le royaume était sien.
Mardig ressentit un tourbillon d’émotions contradictoires tandis qu’il se forçait à mettre un pied devant l’autre, les genoux tremblant, se forçait à demeurer résolu alors qu’il se préparait à commettre l’acte auquel il avait songé toute sa vie. Son père avait toujours été un oppresseur pour lui, l’avait toujours désapprouvé, pendant qu’il avait toujours approuvé ses autres guerriers de fils. Il avait même approuvé sa fille plus que lui. Tout cela parce que lui, Mardig, avait choisi de ne pas prendre part à cette culture de la chevalerie ; tout cela parce qu’il préférait boire du vin et courir après les femmes – au lieu de tuer d’autres hommes.
Aux yeux de son père, cela faisait de lui un échec. Son père avait vu d’un mauvais œil tout ce que Mardig avait fait, ses yeux désapprobateurs le suivaient dans tous les coins, et Mardig avait toujours rêvé d’un moment de rendre des comptes. Et en même temps, Mardig pouvait prendre le pouvoir pour lui-même. Tout le monde s’était attendu à ce que la royauté échoie à un de ses frères, à l’aîné, Koldo, ou si ce n’était à lui, alors au jumeau de Mardig, Ludvig. Mais Mardig avait d’autres plans.
Alors que Mardig tournait à un angle, les soldats de garde s’inclinèrent révérencieusement, et se pivotèrent pour lui ouvrir sans même demander pourquoi.
Mais soudain, l’un d’eux s’arrêta, contre toute attente, et se tourna pour le regarder.
« Mon seigneur », dit-il, « le Roi ne nous a pas informés d’une quelconque visite ce matin. »
Le cœur de Mardig commença à palpiter, mais il s’efforça d’apparaître téméraire et confiant ; il se tourna et dévisagea le soldat, d’un regard supérieur, jusqu’à ce qu’il puisse voir le soldat incertain de lui-même.
« Et suis-je un simple visiteur ? » demanda froidement Mardig, faisant de son mieux pour ne pas paraître effrayé.
Le garde recula lentement puis s’écarta rapidement, et Mardig passa la porte ouverte, les gardes la refermèrent derrière lui.
Mardig marcha fièrement dans la pièce, et ce faisant, il vit les yeux étonnés de son père, qui était en train de se tenir à la fenêtre et regardait pensivement son royaume dehors. Il lui fit face, confus.
« Mardig », dit son père, « à quoi dois-je ce privilège ? Je ne t’ai pas appelé. Tu n’as pas non plus daigné me rendre visite ces dernières lunes –à moins que tu ne veuilles quelque chose. »
Le cœur de Mardig tambourinait dans sa poitrine.
« Je ne suis pas venu pour vous demander quoi que ce soit, Père », répondit-il. « Je suis venu prendre. »
Son père paraissait perdu.
« Pour prendre ? » demanda-t-il.
« Pour prendre ce qui est mien », répondit Mardig.
Mardig fit plusieurs grands pas à travers la pièce, s’armant de courage, tandis que son père l’observait, perplexe.
« Qu’est-ce qui est tien ? » demanda-t-il.
Mardig sentit ses mains en sueur, la dague dans sa main, et ignorait s’il pouvait en finir avec ça.
« Voyons, le royaume », dit-il.
Mardig dévoila lentement la dague dans sa main, voulant que son père la voie avant qu’il ne le poignarde, voulant que son père voie directement combien il le haïssait. Il voulait voir l’expression de peur, de stupéfaction, de rage de son père.
Mais quand son père baissa les yeux, ce ne fut pas le moment auquel Mardig s’était attendu. Il avait pensé que son père résisterait, riposterait ; mais à la place, il leva le regard vers lui avec tristesse et compassion.
« Mon garçon », dit-il. « Tu es toujours mon fils, malgré tout, et je t’aime. Je sais, au fond de ton cœur, que tu ne penses pas cela. »
Mardig plissa les yeux, confus.
« Je suis malade, mon fils », poursuivit le Roi. « Bientôt, je serais mort. Quand ce sera le cas, le Royaume passera à tes frères, pas à toi. Même si tu me tuais maintenant, tu n’y gagnerais rien. Tu serais toujours le troisième dans le rang. Donc pose ton arme et étreins-moi. J’aime encore, comme tout père le ferait. »
Mardig, dans un soudain élan de rage, les mains tremblantes, bondit en avant et plongea profondément la dague dans le cœur de son père.
Ce dernier se tint là, les yeux exorbités d’incrédulité, tandis que Mardig le tenait fermement et le regardait dans les yeux.
« Ta maladie t’a rendu faible, Père », dit-il. « Il y a cinq ans je n’aurais jamais pu faire cela. Et un royaume ne mérite pas un roi faible. Je sais que tu mourras bientôt – mais ce n’est pas assez tôt pour moi. »
Son père s’effondra enfin au sol, immobile.
Mort.
Mardig baissa les yeux, haletant, encore choqué par ce qu’il venait juste de faire. Il essuya sa main sur sa robe, puis jeta le couteau, qui atterrit par terre dans un cliquetis.
Mardig fusilla son père du regard.
« Ne t’inquiète pas à propos de mes frères, Père », ajouta-t-il. « J’ai un plan pour eux aussi. »
Mardig enjamba le corps de son père, approcha de la fenêtre, et contempla la capitale en contrebas. Sa cité.
Maintenant tout était à lui.
CHAPITRE QUATORZE
Kendrick leva son épée et para le coup alors qu’un Marcheur des Sables abattait sa griffe aiguisée comme un rasoir vers son visage. Il l’arrêta avec un bruit métallique, des étincelles jaillirent, et Kendrick esquiva, tandis que la créature faisait glisser ses griffes le long de la lame et frappait horizontalement vers sa tête.
Kendrick pivota et frappa, mais la créature était étonnamment rapide. Elle recula, l’épée de Kendrick la manqua de peu. Elle se jeta en avant, bondit haut dans les airs et vint droit sur Kendrick – et cette fois-ci, il était préparé. Il avait sous-estimé sa vitesse, mais ne le ferait pas une seconde fois. Kendrick s’accroupit bas et leva son épée – et il laissa la bête s’empaler elle-même, passer droit à travers la lame.
Kendrick se leva sur ses genoux puis frappa à l’horizontale et bas, coupant les jambes de deux Marcheurs des Sables qui se dirigeaient vers lui. Ensuite, il donna un coup d’épée en arrière, en transperçant un dans le ventre avant qu’il n’atterrisse sur son dos.
Les bêtes déferlaient sur lui depuis toutes les directions, et Kendrick se retrouva au milieu d’une vive bataille, Brandt et Atme d’un côté, Koldo et Ludvig de l’autre. Tous les cinq se soutinrent instinctivement les uns les autres, formant un cercle serré, dos à dos, frappant de taille et d’estoc, donnant des coups de pied, repoussant les créatures tandis qu’ils surveillaient chacun les arrières des autres.
Ils combattirent et combattirent et combattirent sous les soleils torrides, sans nul endroit où battre en retraite dans ce vaste espace ouvert. Les épaules de Kendrick étaient douloureuses, et il était couvert de sang jusqu’aux coudes, exténué par son long périple, par cette bataille interminable. Ils n’avaient pas de réserves, et nulle part où aller, et ils se battaient tous pour leur vie. Les cris enragés des créatures emplissaient les airs, pendant qu’elles tombaient à gauche et à droite. Kendrick savait qu’ils devaient être prudents ; ce serait un long chemin pour le retour, et si l’un d’entre eux était blessé, ce serait une situation désespérée.
Alors qu’ils se battaient, au loin, Kendrick aperçut le garçon, Kaden, et fut soulagé de voir qu’il était encore en vie. Il luttait, ses mains et bras liés derrière son dos, retenu par plusieurs créatures. Sa vue motiva Kendrick, lui rappela la raison pour laquelle il était venu pour commencer. Il se battait furieusement, redoublant ses efforts, tentant de passer à travers toutes ces bêtes et de se frayer un chemin jusqu’au garçon. Il n’aimait pas la manière dont ils le traitaient, et il savait qu’il devait l’atteindre avant que ces créatures fassent quoi que ce soit d’impulsif.
Kendrick grogna de douleur quand il sentit soudain une coupure en travers de son bras. Il se tourna pour voir une créature frapper à nouveau, s’abattant avec ses griffes aiguisées, droit vers son visage. Il ne pouvait réagir à temps, et il se prépara au coup, s’attendant à ce qu’il lui coupe le visage en deux – quand soudain Brandt se jeta en avant et transperça la créature à travers le torse avec son épée, sauvant Kendrick au dernier moment.
En même temps, Atme s’avança et frappa une créature juste avant qu’elle ne puisse plonger ses crocs dans la gorge de Brandt.
Kendrick pivota ensuite, entaillant deux créatures avant qu’elles se ne ruent sur Atme.
Il tourna et tourna, pivotant et frappant, affrontant chaque créature jusqu’à la dernière. Les bêtes tombaient à leurs pieds, s’empilaient sur le sable, et le sable devint rouge de sang.
Kendrick repéra, de coin de l’œil, plusieurs créatures se saisissant de Kaden et commençant à s’enfuir avec lui. Son cœur accéléra ; il savait qu’il s’agissait d’une situation désespérée. S’il les perdait de vue, ils disparaîtraient dans le désert et ils ne retrouveraient jamais Kaden.
Kendrick savait qu’il devait s’échapper. Il se libéra du combat, donnant des coups de coude à plusieurs créatures pour les écarter de son chemin, et poursuivit le garçon, laissant les autres pour combattre les bêtes. Plusieurs d’entre elles le pourchassèrent, et Kendrick se retourna, donnant des coups de pieds et d’épée pour les en dissuader tout en continuant. Kendrick se sentit être égratigné de tous côtés, mais quoi qu’il arrive, il ne s’arrêta pas. Il devait atteindre Kaden à temps.
Kendrick, repérant Kaden, savait qu’il devait l’arrêter ; il savait qu’il n’aurait qu’une chance pour ça.
Kendrick chercha à sa ceinture, saisit un couteau, et le lança. Il atterrit dans le cou d’une créature, la tuant avant qu’elle ne puisse plonger ses griffes dans la gorge de Kaden. Kendrick jaillit à travers la cohue, réduisant l’écart, courant jusqu’à Kaden, et en frappa un juste avant qu’il ne puisse l’achever.
Kendrick prit une position défensive par-dessus Kaden, qui gisait au sol, ligoté, tandis que Kendrick tuait tous ses ravisseurs. Alors que d’autres créatures se rapprochaient d’eux, Kendrick paraît leurs griffes dans chaque direction. Il se retrouva encerclé, frappant de taille dans toutes les directions, mais déterminé à sauver Kaden. Les autres, il pouvait le voir, étaient trop immergé dans la bataille pour se précipiter aux côtés de Kaden.
Kendrick souleva son épée et trancha les liens du garçon, le libérant.
« Prend mon épée ! » l’implora Kendrick.
Kaden saisit l’épée courte supplémentaire dans le fourreau de Kendrick, pivota et fit face au reste des créatures, aux côtés de Kendrick. Même s’il était jeune, Kendrick pouvait voir que le garçon était rapide, courageux et téméraire, et il fut ravi de l’avoir à ses côtés, combattant les bêtes.
Ils se battirent bien ensemble, abattant des créatures à gauche et à droite. Mais, pour autant qu’ils se battent, il y en avait simplement trop, et Kendrick et Kaden furent rapidement complètement encerclés.
Kendrick perdait de la force, ses épaules se fatiguaient, quand soudain, il vit que les créatures commençaient à tomber et entendit un grand cri de guerre venant de derrière eux. Kendrick fut enchanté de voir Koldo, Ludvig, Brandt et Atme forcer les lignes, tuant des bêtes dans toutes les directions. Encouragé, Kendrick riposta, dans un dernier effort, Kaden à côté de lui. Tous les six, combattant ensemble, étaient impossibles à arrêter, abattant toutes les créatures.
Kendrick se tint là dans le silence, à court de souffle sur le sable du désert, faisant le bilan ; il pouvait à peine croire ce qu’ils avaient tout juste fait. Tout autour d’eux s’empilaient les carcasses des bêtes, étalées dans diverses directions, le sable était rouge de sang. Lui et les autres étaient couverts de blessures, égratignés – mais ils se tenaient tous là, en vie. Et Kaden, qui souriait d’une oreille à l’autre, était libre.
Kaden tendit les bras et les étreignit tous, un à un, en commençant par Kendrick, le regardant avec un air qui en disait long. Il garda sa dernière étreinte pour Koldo, son frère aîné, et Koldo l’enlaça en retour, sa peau noire ondulant sous le soleil.
« Je ne peux pas croire que vous soyez venus pour moi », dit Kaden.
« Tu es mon frère », dit Koldo. « À quel autre endroit pourrais-je être ? »
Kendrick entendit un bruit, jeta un coup d’œil et vit les six chevaux que ces créatures avaient kidnappés, tous attachés ensemble par une corde – lui et les autres échangèrent un regard entendu.
Comme un seul homme, ils se précipitèrent tous et enfourchèrent les animaux, chacun à peine assis avant d’enfoncer leurs talons et de pousser les bêtes en avant, à nouveau dans la Désolation, tous se dirigeant vers la Crête, de retour, enfin, vers la maison.
CHAPITRE QUINZE
Erec se tenait à la poupe de son navire, prenant en charge l’arrière de sa flotte, et vérifia par-dessus son épaule une fois de plus avec anxiété. D’un côté, il était soulagé qu’ils aient réussi à écraser ce village de l’Empire, à bifurquer à nouveau sur la rivière vers Volusia, vers Gwendolyn ; de l’autre, il avait payé un lourd tribut, pas seulement en hommes, mais en temps – il avait supprimé l’avance qu’il leur restait sur le reste de la flotte de l’Empire. Alors qu’il jeta un regard en arrière, il les vit les suivre, bien trop proches, remontant la rivière en serpentant, à quelques centaines de mètres à peine, arborant les étendards noir et or de l’Empire. Il avait perdu son avance d’un jour sur eux, et maintenant ils le suivaient furieusement, comme un frelon poursuivant sa proie, leurs embarcations supérieures, mieux pourvues en hommes, se rapprochaient de plus en plus à chaque rafale de vent.
Erec se retourna et scruta l’horizon. Il savait d’après ses éclaireurs que Volusia se trouvait juste au-delà d’un méandre quelque part – cependant, au rythme auquel l’Empire réduisait l’écart, il se demanda si sa petite flotte l’atteindrait à temps. Il commençait à se rendre compte que s’ils n’y arrivaient pas à temps, ils devraient faire demi-tour et prendre position – et ce serait un combat, en étant autant en sous nombre, qu’ils ne pouvaient pas gagner.
Erec entendit un son qui lui hérissa les cheveux sur la nuque, il se retourna et leva les yeux pour voir une vue qui le laissa avec une crainte froide : une vague de flèches de l’Empire avait été envoyée, et elles volaient maintenant dans les airs, noircissant le ciel, se dirigeant, dans un grand arc de cercle, vers sa flotte. Erec se tint prêt et regarda avec soulagement la première volée atterrir dans l’eau tout autour de lui, à peut-être vingt mètres de son bateau, le bruit des flèches touchant l’eau sonnant comme une lourde pluie.
« FLÈCHES ! » hurla Erec, avertissant ses hommes pour qu’ils se mettent à couvert.
La plupart d’entre eux le fit, et pas un instant trop tôt. Une autre volée suivit rapidement, cela tirés par des arbalètes avec une portée plus grande, et Erec observa, horrifié, quand une atteint le pont de son navire et qu’un de ses soldats cria. Erec se tourna pour la voir dépassant de sa jambe, transpercée par une flèche perdue, la seule avec une portée juste assez grande pour frapper.
Erec éprouva une montée d’indignation – et d’urgence. L’Empire était à portée : bien trop vite ils seraient submergés, et avec la flotte de l’Empire comptant des milliers de navires, il n’y avait simplement aucune possibilité pour les hommes d’Erec de les battre. Erec savait qu’il devait réfléchir rapidement.
« Devons-nous nous tourner et combattre, mon frère ? » demanda Strom, venant à côté de lui.
Alistair regarda en arrière, elle aussi, calmement debout à côté de lui.
« Tu l’emporteras, mon amour », dit-elle. « Je l’ai vu. »
Erec se sentit encouragé par ses mots, comme toujours, et tandis qu’il fixait des yeux et étudiait le paysage, une idée vint à lui.
« Parfois », dit-il, « nous devons sacrifier pour accomplir quelque chose de plus grand. »
Erec se tourna vers son frère, confiant.
« Embarque sur le navire à côté de nous. Évacue-le, puis prend l’arrière », ordonna-t-il. Il prit ensuite le bras de Strom, et le regarda dans les yeux.
« Quand tu auras fini », ajouta-t-il, « enflamme-le, puis dirige-toi droit vers leur flotte. Tu sauteras sur mon navire avant que les flammes ne le recouvrent. »
Les yeux de Strom s’écarquillèrent, appréciant le plan. Il se mit en mouvement, courut et bondit du pont au navire à côté de lui, exécutant les ordres de son frère. Il commença à aboyer des ordres, et les hommes se mirent en rang tout autour de lui, se mettant en action et commençant à abandonner l’embarcation, sautant sur le pont de celui d’Erec. Ce dernier pouvait sentir le poids de son navire augmenter.
« Plus de rames ! » s’écria Erec, sentant qu’ils ralentissaient.
Il doubla le nombre de rameurs à bord, et ils poussèrent tous, se soulevant, tandis que le bateau d’Erec commençait à prendre de la vitesse.
« Répartissez-vous ! » ordonna Erec, réalisant que son navire allait trop lentement. « Sautez sur les autres bateaux ! »
Ses hommes firent selon ses ordres, bondissant de son embarcation vers plusieurs autres de sa flotte, distribuant leur poids également parmi elles. Finalement, le navire d’Erec se redressa et gagna en vitesse.
Erec se tourna pour voir le dernier homme sauter du bateau de Strom. Ce dernier leva une torche et courut le long du navire, mettant le feu à tout, puis la lança de toutes ses forces. La torche atterrit sur le mât, l’enflamma, déclenchant un énorme incendie, et Strom se tourna, retourna en bondissant sur l’embarcation de son frère, et se tint là, observant, tandis que le navire fantôme, en feu, dérivait le long du courant – droit vers la flotte de l’Empire.
« Ramez ! » cria Erec, voulant distancer plus le bateau en flammes, la flotte de l’Empire.
Ils gagnèrent de plus en plus de distance, remontant la rivière plus vite.
La flotte de l’Empire essaya de se détourner du chemin – mais il n’y avait nulle part où naviguer sur la rivière minuscule. Le navire enflammé causa le chaos. Ils l’attaquèrent, ne réalisant pas qu’il n’y avait pas d’équipage, et gaspillèrent de précieuses flèches et lances. Le bateau fut assailli depuis toutes les directions – mais rien ne pouvait arrêter son cours.
En quelques instants, le navire, une épave en feu, flottait droit vers le centre de la flotte de l’Empire, la séparant au milieu. Et ils n’avaient aucun moyen de l’arrêter.
L’embarcation en frappa d’autres, et tandis que des hommes criaient et sautaient hors de la trajectoire, des flammes commencèrent à les lécher, se propageant à gauche et à droite causant le chaos dans la flotte de l’Empire. Rapidement, plusieurs autres navires furent en feu, avec leurs soldats se ruant pour les éteindre.
« MONSIEUR ! », Erec entendit quelqu’un s’écrier.
Erec se tourna pour voir un des hommes pointant du doigt, et quand il regarda vers l’amont de la rivière, il fut frappé par une vue impressionnante : une cité majestueuse qui ne pouvait être autre que Volusia.
« Volusia », dit Alistair, de l’assurance dans la voix, et Erec sentit que cela devait être cela.
Il jeta un coup d’œil en arrière, vit qu’ils avaient gagné un temps précieux – peut-être des heures – et il sut qu’ils avaient une chance, quoique mince, de pénétrer dans la cité et d’en sortir avant que l’Empire ne puisse les rattraper.
Il se tourna et fit un signe de la tête à ses hommes.
« Pleine voile, droit devant », ordonna-t-il.
*La flotte d’Erec, naviguant avec régularité pour la plupart de la journée, atteignit finalement un tournant dans le méandre, le courant augmentant, et ce faisant, Erec regarda au loin, en admiration face à la vue. S’étendant devant eux se tenait ce qui ne pouvait être que Volusia. Une cité magnifique, la plus somptueuse sur laquelle il ait jamais posé les yeux, elle était faite d’or, brillant même depuis là, ses édifices et rues plus ordonnés et raffinés que tout ce qu’il avait pu voir. Partout s’élevaient des statues, en forme de femme qui paraissait être une déesse, éblouissante dans le soleil, et il ne pouvait s’empêcher de se demander qui elle était, et quel culte la vénérait. Plus que tout, Erec était interloqué par son port scintillant, rempli de toutes sortes de navires et vaisseaux, pour une grande partie dorés, étincelants dans le soleil, si brillants qu’il du presque détourner le regard. L’océan se brisait sur ses rives, et Erec put voir immédiatement qu’il s’agissait d’une cité à la richesse et à la puissance phénoménales.
Alors qu’il l’examinait, Erec fut aussi surpris par quelque chose d’autre qu’il vit : des colonnes de fumée noire. Elles flottaient au-dessus de la cité, la recouvrant comme un manteau dans toutes les directions. Il ne pouvait en comprendre la raison. La cité était-elle en feu ? Au milieu d’un soulèvement ? Attaquée ?
C’était déroutant pour lui. Comment une telle cité, un tel bastion de puissance, pouvait-elle être attaquée ? Quelle force y avait-il dans l’Empire qui soit assez puissante pour assaillir une ville de l’Empire ?
Et ce qui l’inquiétait plus que tout : Gwendolyn était-elle impliquée ?
Erec plissa les yeux, se demandant s’il voyait des choses ; mais tandis qu’ils se rapprochaient, tandis qu’il entendait le bruit distinct d’hommes poussant des cris d’agonie, il réalisa qu’il avait raison. Et alors qu’il regardait de plus près, il cligna des yeux, confus. Il apparaissait que l’Empire attaquait l’Empire. Mais pourquoi ?
Partout, des hommes tombaient, des milliers de soldats se déversaient dans les rues, à travers les portes ouvertes de la cité, la saccageaient. Ces envahisseurs portaient une armure de l’Empire, mais elle était d’une couleur différente – toute noire. Il vit qu’ils arboraient un étendard distinct, et en observant de plus près, il le reconnut d’après ses livres d’histoire :
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